Chroniques

God Alone – Low Fire EP

Mike Hranica est surtout connu pour être le frontman et hurleur de The Devil Wears Prada. Mais l’homme est du genre hyperactif. Ecrivain notamment, avec trois publications déjà disponibles. Lorsque TDWP décide de sortir un documentaire sur ses sessions de travail de composition pour le single inédit “South Of The City” (dans le cadre du Record Store Day 2015), on apprend que Hranica a un side project en gestation. Connaissant son éclectisme culturel, on se doute rapidement qu’il ne s’agit pas d’un autre groupe de metalcore. Ce n’est qu’un an et demi après ce documentaire que God Alone sort du silence. Le side project est annoncé comme une formation post punk/bluesy. Hranica s’est alors entouré de Kyle, également présent dans The Devil Wears Prada, et de deux autres musiciens pour sortir un premier EP en ce mois d’aout, le tout avant la sortie du nouvel album de The Devil Wears Prada, prévu pour octobre prochain.

“Low As Hel”l est le titre qui ouvre donc cet opus. Ne sachant pas trop à quoi s’attendre, on est tout de même surpris par l’ambiance minimaliste de ces premières secondes. Un riff de guitare très blues, en effet, à la texture très chaude, collant parfaitement avec le nom de la chanson. La voix d’Hranica s’élève alors et s’impose comme un chant déstructuré mêlant phrases répétées inlassablement à un spoken word mélodique. Le chant n’est clairement pas l’élément central de cet EP. La guitare l’est beaucoup plus, le mix la met en avant, soulignée avec malice par une basse grasse qui durcit le ton du morceau. La recette va s’appliquer durant tout cet EP. Même lorsque le tout s’emballe, et s’emballe plutôt bien, on reste dans une ambiance très minimaliste, chaque élément se distingue clairement, même lorsque la disto permanente sur la voix prend un peu trop de place.

Les quatre chansons composant l’ensemble abordent quatre thèmes bien distincts. En lisant les paroles, il n’est pas impossible de distinguer quels sont ces thèmes. “Low Fire” aborde le rapport que la société nous impose d’avoir face à la vie lorsque “The Alpha King” reprend une thématique bien plus religieuse comme on a déjà pu en croiser dans la discographie de TDWP. Et bien que l’on puisse forcément trouver des similitudes dans l’écriture de Hranica, God Alone n’est pas l’arrière chambre servant d’exutoire au chanteur pour nous refiler les textes pas assez bons pour son groupe principal. On sent que le fil conducteur de cet EP a été travaillé et qu’il nous amène vers la magnifique fin que représente “Thalia”, cette femme si énigmatique. Le tout en passant par Chicago, ville de résidence du chanteur, du combo et qu’il aime tellement qu’il lui rend un hommage merveilleux dans les paroles de “North Through The Woods”.

Musicalement, la proposition de God Alone n’est pas encore à son aboutissement le plus total. Bien qu’on puisse déceler une véritable identité se dessinant, on sent une formation manquant encore de confiance en son propos. Ne poussant pas jusqu’au bout les idées qui se révèlent pourtant bonnes. Ainsi, cela donne des passages où les influences du groupe prennent la place d’une vraie proposition.

God Alone monte sur scène quelques dates fin août, attendons de voir si ce projet n’est qu’un one shot ou si une suite est envisagée. On le souhaite fortement tant la proposition artistique de cet EP relève d’une véritable pertinence et d’un vrai potentiel.

Informations

Label :
Date de sortie : 19/08/2016
Site web : godaloneband.com

Notre sélection

  • Thalia
  • Low Fire
  • The Alpha King

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN