Chroniques

Geyster – Knight Games

Gaël Benyamin alias Geyster, s’apprête à sortir le 7 avril prochain un triptyque musical pop jazz électronique. Beaucoup de cordes à son arc, cet auteur-compositeur-chanteur n’hésite pas à passer du coq à l’âne dans ces trois opus. Ses influences sont multiples et solides. Ce multi-instrumentiste et producteur explore tous les recoins possibles et inimaginables des sonorités et leurs précieuses manières.

Plus de trente titres répartis sur les trois albums. De la matière à mastiquer il y en aura pour tout le monde. En revanche, que l’on tombe dans les abîmes de Geyster, la valeur est moins sûr. C’est une oeuvre extrêmement éclectique voire exagérée. Cet artiste appartient à mille identités à la fois, assez perturbant pour y capter ses gammes et ses vérités. Cette trilogie abuse du paradoxal, il peut passer de “Game Gone Wrong” à “Not An Ordinary Girl” dans le premier volet, où l’on retrouve des empreintes appuyées de Supertramp, mais les synthés, plutôt vintages, nous ramène inéluctablement au kitsch de certains tubes de George Michael dans les années 80. Dans “Knight Games I”, le morceau “Oh David” se place dans une mélodie structurée par sa construction intro-couplet-refrain, ça groove et laisse transparaître une énergie assez palpitante et généreuse, ce qui manque au reste de l’ensemble. Cet artiste est certes doué, intelligent et nous ne pouvons réfuter le talent qui l’habite. Il nous renvoie l’image d’un savant fou dans son laboratoire. Il enchaîne les expériences et ses solutions sont constamment nourries de trésors musicaux. On pourrait comparer sa culture musicale à celle de Quentin Tarantino pour le cinéma, mais un hic demeure néanmoins. Il n’arrive pas à nous emporter dans son univers, il laisse clairement entrevoir un monde où les règles du jeu sont introuvables. On éprouve le sentiment que sa musique ne se partage pas, comme si ses machinations étaient faites pour lui et tant mieux si ça touche. Rappelons-le, le public est la clé de l’épanouissement absolu pour un artiste, mais pour le cas Geyster, ce n’est tristement pas le cas, comme si ses auditeurs n’avaient qu’à suivre ou quitter l’auditorium. “Knight Games II” ouvre davantage sur le champ de l’expérimental à la Pink Floyd avec “Extra Time” ou encore “Knight Games #2”. On se radoucit avec “Lily” qui nous fait clairement penser à The Police avec “Every Little Thing She Does Is Magic”, un côté enfin planant qui est loin de nous déplaire. Avouons que le round II est plus abordable et sincère, particulièrement avec “Victim Of You”. On y sème une pointe de Jack Johnson et son “Better Together”. On trouve enfin notre place dans la ronde de l’autodidacte. Pour “Knight Games III”, c’est un reflet de l’album I, les synthés sont de mise, les mélodies sont composées des mêmes textures, à la seule différence, on y décrypte une sensibilité et des morceaux plus smooth avec “Back Home” et “A Long Goodbye”. Une délivrance pour une confession organique. Nos oreilles entrent en connexion quand “Over You” résonne, on est plongé dans “Good Times Bad Times” de Led Zeppelin, saupoudré d’un léger éclat de “Voodoo Child” de Jimi Hendrix dans les riffs de guitares.

La trilogie signée Geyster reste au stade du mystérieux. L’écoute se poursuit sur les trois albums sans connaître la destination d’arrivée de l’artiste. Ce que l’on garde de cette oeuvre est de l’ordre de la perplexité. Laisse-t-il échapper une amère nostalgie d’une époque révolue ?

Informations

Label : Somekind Records
Date de sortie : 07/04/2015
Site web : geyster.com

Notre sélection

  • Knight Games #1
  • I Won’t Let You Down
  • Game Gone Wrong

Note RUL

2/5