Chroniques

Gallows – Desolation Sounds

Tiens, Gallows revient. Le contraste entre l’excitation que les deux premiers albums du groupe ont pu générer et l’attente autour de cette formation depuis le départ de Frank Carter est grand. Pourtant, le remplacer par Wade McNeil (ex-Alexisonfire) n’était pas la pire idée qui soit. Style différent, c’est sûr, mais justement, l’occasion de repartir sur de nouvelles bases. L’opus éponyme n’était d’ailleurs pas raté non plus, mais on était loin du marasme provoqué par “Grey Britain” (2009) en son temps. Alors quand les Anglais (et le Canadien) reviennent avec ce “Desolation Sounds” dont ils semblent très fiers (près de trois ans se sont écoulés depuis le dernier essai), on se prend à tendre une oreille curieuse mais pourtant vierge de toutes attentes.

L’éponyme n’avait pas oublié la touche rock n’roll caractéristique à Gallows, mais avait négligé la noirceur qui faisait que l’écoute de ce groupe accrochait l’oreille. Pourtant, le début de “Desolation Sounds” ne nous rassure pas sur cet aspect. C’est catchy, efficace et ça rentre facilement en tête, mais on ne sent pas la chanson qui va donner à l’ensemble ce petit plus qui pourra le faire passer à la postérité. Ces trois premières pistes sont la parfaite continuité de ce qu’était encore Gallows il y a trois ans. Si McNeil est, de toute évidence, très énervé, son chant manque clairement de nuances dans les passages les plus violents. C’est d’ailleurs une demi-surprise de constater que dans le mix, les guitares sont bien plus mises en avant que la voix. Si la qualité mélodique de la bande n’est plus à prouver, ce parti pris trahit bien les lacunes auxquelles la voix de McNeil les confronte. Là où Carter pouvait faire jeu égale grâce à sa hargne, sa gouaille et sa diction si caractéristique, le style plus convenu de McNeil permet au combo de véritablement élever le niveau des compositions sans pour autant prétendre à les rendre tubesques. C’est alors qu’intervient le tournant de l’effort. S’enchaîne “Chains”, “Bonfire Season” et “Leather Crown”. L’album prend la tournure si sombre que l’on attendait alors. Les voix féminines de “Chains” introduisent à merveille la mélancolie cauchemardesque de la chanson. Cette fois-ci, la lenteur du phrasé de McNeil fait des merveilles. Et ce n’est pas “Bonfire Season” qui nous fera douter de la véritable qualité du chanteur : son chant clair, presque susurré. Distillant une ambiance sombre et sexy, l’un des singles mis en avant par le groupe évoque même Pure Love, le duo de son prédécesseur chez Gallows, avec un feeling bien plus rock qu’hardcore qui lui sied à merveille. Enfin, on s’intéresse véritablement à ce disque et enfin la formation nous donne du grain à moudre ! “Leather Crown” se veut bien plus rentre dedans que les deux autres comparses de cette triplette magique, mais bien plus épique également. Tout en progression, le morceau offre un pont d’une pureté magnifique qui permet au groupe de terminer son monde le temps d’une dernière minute furieusement jouissive. Malheureusement, la fin de l’opus retombe un peu dans ses propres travers après douze minutes de grâce. Entre compositions hardcore/metal un peu fades ou 2 step servant de décoration plus que de défouloir, Gallows termine ce “Desolation Sounds” comme il l’a commencé : sans vraiment déplaire mais sans vraiment convaincre.

C’est un bon album que Gallows propose, mais on ne peut pas s’empêcher de penser que ce groupe a le potentiel de mieux faire, parfois.

Informations

Label : PIAS
Date de sortie : 13/04/2015
Site web : www.gallows.co.uk

Notre sélection

  • Bonfire Season
  • Chains
  • Leather Crown

Note RUL

3/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN