Chroniques

Fu Manchu – Clone Of The Universe

Impossible d’évoquer le mouvement stoner rock sans mentionner Fu Manchu. Indissociable du genre du début des années 90, le groupe traverse les décennies avec une exigence musicale qui lui vaut la reconnaissance de ses pairs et la fidélité d’un public jamais en reste. Un tel impact associé à cette longévité pourrait faire penser que la qualité des albums évolue en dent de scie. Que nenni, la bande de Scott Hill n’est pas devenue aussi influente que Kyuss en se tournant les pouces. Annoncé depuis 2015, le combo californien délivre cette année “Clone Of The Universe” après la gigantesque tournée de l’acclamé “Gigantoïd” (2014), célébrant par la même occasion son trentième anniversaire.

“Intelligent Worship” ouvre en grande pompe ce qui s’annonce comme trente-sept minutes endiablées. Avec une perception toute particulière du concept album, nous quittons les promenades ensoleillées et les palmiers de Orange County pour nous propulser en orbite par le biais d’une tornade de riffs cosmiques massivement saturés et d’un déluge de fuzz qui se dilate à travers une drôle odyssée de l’espace. Les fûts martelés de Scott Reeder poignarde la brèche pour que les lignes de basse ensorcelées de Brad Davis puissent danser avec les six cordes de Bob Balch et Scott Hill. Le leader, toujours en voix, est présent pour en découdre. Trêve de salamalecs, le temps file à toute vitesse.

Les rythmes frénétiques se cachent derrière des changements de tempos de plus en plus maîtrisés au fil des années, devenant une marque de fabrique de la formation. Prenons pour exemple “Slower Than Light” et son ambiance qui respire le papier imprimé des posters de Black Sabbath dans une chambre d’adolescent baignée dans la fumée de marijuana. La quatre cordes se fait le guide de l’auditeur tandis que les guitares s’élèvent pour donner un aspect mystique au chant posé de Hill. Cette dernière, jouée aux doigts durant la première partie, est celle qui casse le ton pour délivrer un riff au médiator qui change la donne durant le reste du morceau. Il en est de même pour le seul titre diffusé sur les internets avant la parution de l’album, la chanson éponyme résonne de simplicité rimant avec efficacité. Tempo ralenti qui s’abat avec fracas sur nos tympans, on ne sait jamais quand la véritable tempête peut fondre sur nous. Elle n’est jamais très loin.

“Il Mostro Atomico” ferme la marche avec dix-huit minutes majoritairement instrumentales sur lesquelles opère un invité invraisemblable, le guitariste Alex Lifeson de Rush. Le Canadien adapte son style pour donner naissance à un morceau qui contraste avec l’ensemble tout en s’inscrivant dans sa cohérence. L’Hydre de Lerne entre en jeu, et chaque accord en amène un plus lourd pour dériver vers le blues psychédélique. La science du groove par Fu Manchu n’est plus à démontrer depuis le succès de “The Action Is Go” (1997), consécration qui profite l’année d’après au premier opus des Reines de l’Âge de Pierre. Le quatuor conserve une dynamique dont les adeptes de la première heure peuvent se délecter avec les nouveaux disciples de ces fils du soleil.

Trois décennies et douze albums plus tard, les Californiens restent au sommet de leur art en toute humilité. “Clone Of The Universe” est le fruit d’un travail acharné poussant un groupe à l’identité sonore reconnaissable entre mille à ne jamais sombrer dans la routine. Un point négatif dans tout cela ? Peut-être la pochette en fin de compte.

Informations

Label : At The Dojo Records
Date de sortie : 09/02/2018
Site web : fu-manchu.com

Notre sélection

  • Slower Than Light
  • Clone Of The Universe
  • Il Mostro Atomico

Note RUL

4.5/5

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