Finger Eleven – Last Night On Earth

Finger Eleven, ces Canadiens détenteurs de plusieurs disques de platine, sont de retour après 10 ans d’absence. En 2007, leur single “Paralyzer” les a propulsés sur le devant de la scène aux côtés de groupes comme Three Days Grace ou Seether. Aujourd’hui, ils comptent bien réaffirmer leur identité. Avec Last Night On Earth, leur huitième album, ils livrent un hard rock moderne, entre dynamisme et douceur, fidèle à leur style tout en restant actuel.

Un retour en saturation

Contrairement à sa précédente sortie, Five Crooked Lines, qui se rapprochait du stoner, Finger Eleven revient sur les bases qui ont forgé sa signature sonore. Dès l’ouverture, le groupe fait monter l'”Adrenaline”, comme le suggère le titre. Véritable teaser, ce single mise sur des couplets crescendo qui débouchent sur des refrains ultra accrocheurs. La guitare incisive de Rick Jackett et la voix saturée de Scott Anderson plongent aussitôt l’auditeur dans le hard rock alternatif typique du groupe.

L’intensité se poursuit avec “Blue Sky Mystery”, où Richard Patrick, le charismatique chanteur de Filter, vient poser sa voix, offrant au morceau une profondeur plus accrue. L’alliance de ces univers crée un titre unique, à mi-chemin entre hard rock efficace et totalités industrielles. La saturation et l’écho enveloppent les riffs lourds et accrocheurs qui évoquent le son de Shinedown. Sur cette base, la batterie impose un rythme régulier et dansant, insufflant un élan contagieux au morceau.

Dans la continuité, des morceaux comme “The Mountain” ou “Perfect Effigy” offrent des refrains chantants et mémorables, confirmant que le groupe n’a rien perdu de sa capacité à produire des tubes. On y retrouve la griffe caractéristique de Finger Eleven : la voix veloutée d’Anderson, les riffs cycliques de guitare et une batterie solide. Ces morceaux démontrent que même après cette longue pause, les Canadiens restent maîtres de leur ADN rock et fédérateur.

Une force tranquille

Pour autant, cet album n’est pas seulement une vague d’énergie brute. Comme toute vague, il connaît ses montées et ses descentes, et celles-ci se font ici en douceur. Last Night On Earth propose également des morceaux plus calmes, où la saturation ambiante laisse place à un son plus clair.

La voix d’Anderson y est mise à nu, dans une approche intime et proche de son public. Elle véhicule une émotion authentique, teintée de nostalgie. Cette intensité atteint son apogée dans la ballade éponyme “Last Night On Earth”, où son chant se mêle à une guitare sèche émouvante et poignante.

Cette subtilité se prolonge jusqu’aux derniers instants, puisque “Body And Mind” agit comme un générique de fin tendre, tout en résumant l’atmosphère générale de l’ensemble. Le riff bluesy et délicat de guitare instaure une ambiance onirique, laissant l’auditeur sur un moment de calme et de contemplation. 

Un voyage introspectif

Comme le suggère son titre, ce disque raconte la dernière nuit sur Terre. Mais au-delà de cette image dramatique, il propose surtout un voyage introspectif. Les paroles montent, retombent, oscillent entre adrénaline et nostalgie, tandis que la musique tisse un lien fort entre le corps et l’esprit. 

Cette dimension introspective se traduit également dans le visuel de la pochette. On y voit une silhouette se diriger vers le cœur d’une montagne, tandis que d’autres semblent converger vers des profondeurs encore plus mystérieuses. Les teintes surréalistes prolongent cette atmosphère rêveuse, tout comme les effets de distorsion qui habitent l’album et en soulignent l’ampleur émotionnelle. 

Au-delà de son aspect narratif,  Last Night On Earth est une invitation à se reconnecter avec soi-même. Il encourage à canaliser son énergie et à apprécier les moments plus calmes, alternant puissance et sérénité. Musicalement, le groupe renoue avec son identité sonore tout en restant inscrit dans un paysage contemporain. Dix ans après son précédent disque, Finger Eleven démontre qu’il est toujours capable de proposer un album reconnaissable, à la fois fidèle à son style et ancré dans le présent.