Chroniques

Finch – Back To Oblivion

Il y en a eu des groupes qui, au début des années 2000, ont marqué la scène montante du screamo/post hardcore. Et Finch en faisait bien partie avec son fameux disque de 2002, “What Is It To Burn”, qui a propulsé la formation californienne à travers le monde. Entre-temps, le mouvement s’est transformé, la musique s’est atténuée, les guitares ont été retravaillées et les interprètes de “Letters To You” ont splitté. Deux fois même, dont une fois après des conflits durant l’enregistrement d’un troisième disque. Puis, de retour une nouvelle fois en 2012 afin de célébrer le dixième anniversaire de leur premier album à succès, rien n’annonçait l’entrée imminente de la bande en studio. Et pourtant. Voilà qu’en 2014 sort “Back To Oblivion” via Razor & Tie, successeur de “Say Hello To Sunshine” (2005) et de l’EP “Epilogue” (2010). A la fois inattendu et attendu de pieds fermes par les fans, retour de cet ensemble.

Produit par Brian Virtue (Thirty Seconds To Mars, Deftones, Hawthorne Heights), le disque commence agréablement par l’éponyme “Back To Oblivion”, offrant l’image de ce qui semble être le Finch de 2014. Avec une technique de composition et des sonorités assez propres à la formation, on retrouve instinctivement un plaisir d’antan, tout en appréciant de nouvelles mélodies qu’on aurait pu écouter il y a déjà dix ans de cela. A partir de là, rien ne semble annoncer le pire pour ce groupe qui n’avait pas réussi à concevoir ce projet il y a cinq ans. Tout est réuni sur ce disque pour que tout se passe comme sur des roulettes : des instruments traditionnels, le line up quasi originel et douze nouvelles pistes. Dans la lignée du single “Anywhere But Here” ou de “Tarot” et son outro progressif, Finch nous réintroduit dans un post hardcore assez classique qui a fait ses preuves. Mais très vite, nos acclamations et notre enthousiasme se mettent en berne. Le premier hic que l’on peut reprocher à cet ensemble, bien que débordant de bonnes réflexions, est un côté un peu “vieillot” des sons proposés : il est, en effet, triste d’écouter un essai neuf dont une apparence dépassée prédomine sur la musique. Peut être une volonté du quatuor qui, cependant, n’est pas du goût de tout le monde. De plus, alors que de vraies émotions se dégageaient des anciens disques, ce projet en semble dénué de par certaines compositions aussi lisses que dépaysantes. Un manque à gagner pour des morceaux répondant aux attentes classiques des fans sans aller plus loin. Bien évidemment, à l’opposé de cela, la bande surprend à coup de titres plus calmes, loin des surproductions, loin du post hardcore, loin de tout. Sous une étiquette plus rock alternatif, “Play Dead” nous attire par sa lenteur, “Inferium” nous délecte avec son final brutal, mais surtout, “New Wave”, titre de fermeture, nous envoûte catégoriquement. Avec une nouvelle empreinte musical de ce genre, les californiens se réinventent en tant que combo et se surpassent. Un vrai plaisir à découvrir, bien loin des guitares agressives et distordues. Il y a peut être même là la direction qu’il aurait fallu exploiter pour un comeback digne de ce nom ! “Et les screams dans tout ça ?” vous interrogez-vous peut-être ? Et bien Ils ne sont plus là. Ou alors très peu, perdus dans une production vocale assez stricte et limitée. Une apparence screamo amputée avec cet opus duquel peu de hits en ressortent. Comme si les américains n’avaient pas conservé que le positif de l’expérience qu’ils ont tiré.

Au final, un disque assez générique, presque caricatural d’un post hardcore dépassé. Quel plaisir de savoir Finch de retour, mais quelle déception de voir dans quelles conditions. Et mis à part les écarts de rock alternatif qui auraient mérité plus d’attention et d’exploitation, on se contentera des essais précédents qui ont fait leur preuve et qui se savourent toujours avec envie. Désolé.

Informations

Label : Razor & Tie
Date de sortie : 30/09/2014
Site web : backtooblivion.com

Notre sélection

  • New Wave
  • Back To Oblivion
  • Anywhere But Here

Note RUL

2.5/5

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