Chroniques

Fall Out Boy – American Beauty/American Psycho

Deux ans après le félicité “Save Rock And Roll“, marquant la fin du hiatus de la formation, et un an après l’EP punk à outrance “Pax Am Days”, Fall Out Boy est de retour dans les starting block avec de tout nouveaux titres, composés et enregistrés en secret durant leur fameux “MONUMENTOUR” en co-tête d’affiche avec Paramore. Ayant déjà redéfinit son style d’un pop punk évident à un rock alternatif assez bien ficelé, on se demandait bien ce qui pouvait se passer maintenant, outre l’inattendu plaisir noisy du quatuor. Fini l’attente, place à “American Beauty/American Psycho”, le sixième album des Américains qui nous est accordé en ce mois de janvier 2015. “Confirmation d’un genre ?” “Retour aux sources ?” Telles sont les questions qui brûlent nos lèvres au lancement de l’écoute…

Onze chansons (presque) inédites, voici ce que nous propose la bande de Patrick Stump avec cette nouvelle galette, à l’instar de “Save Rock And Roll”. Presque car, bien avant l’annonce de l’opus, le public avait déjà eu l’occasion de s’alimenter de “Centuries”, le premier titre post-“SRAR” qui laissait sous-entendre une pop-ification à feu doux, et de “Immortals”, présent dans le film de Disney “Les Nouveaux Héros”. Quoi qu’il en soit, il était important de ne pas spéculer trop vite sans l’ensemble pour justifier nos propos. Mais il est désormais difficile de ne pas crier au virage brutal aux premières notes de “Irresistible”, piste d’ouverture du disque, affichant une sonorité épurée en guitare, favorisant des gammes plus électroniques et des répétitions tristes à entendre. Non loin de surprendre, Fall Out Boy semble s’échapper vers un univers volontairement pop/radio-friendly comme l’avait laissé comprendre le bassiste Pete Wentz dans une récente interview, oubliant subtilement sa quête vers un rock n’roll sain et sauf. La piste éponyme confirme presque instantanément cette tendance sous ses airs de “rock anthem” et ses refrains à outrance d’onomatopées. “Centuries”, mis en situation, paraît cependant assez logique quant à la cohérence générale, sans pour autant relever la barre ou s’identifier à l’univers pop tel que définie. De ce fait, l’ensemble désiré radio-friendly se réveille aux abords de “Uma Thurman”, hommage à “Pulp Fiction” et à l’actrice, qui délivre des refrains dansants à souhait. Bien éloignée des rythmiques noisy et des distorsions nuancées, c’est sur cette chanson à la ligne de conduite pour le moins originale que s’émettent les premiers hochements de tête de satisfaction. “Jet Pack Blues”, morceau progressif intéressant, tire également l’effort vers le haut avec sa puissance intrinsèque. Mais la mélodie qui représente au mieux cette mouvance pop du groupe tout en gardant une ligne de conduite “rock” est incontestablement “Fourth Of July”, élément qui fera assurément son effet en live. Malheureusement, à cette organisation de bonnes et de mauvaises choses s’allie un très mauvais point : le traitement vocal. Alors qu’on connait Stump pour ses envolées vocales maîtrisées, son efficacité en studio est complètement cachée et tachée par le surplus d’harmonies et par un niveau sonore où tout se doit de rester “en deçà des limites”, quitte à perdre en puissance. Autant dire qu’avec les divers “nanana” et autres “ohohoh” qui comblent un vide musical, rien ne lui facilite la tache et c’est bien dommage.

Non, “American Beauty/American Psycho” n’est pas le meilleur disque sorti par la formation, “Save Rock And Roll” suivant une lignée plus claire. Le côté “radio friendly” de Fall Out Boy, déjà présent auparavant, est même ici à son paroxysme : des morceaux lisses pour une grande majorité, très peu de prises de risque “rock” et plus d’expérimentation sonore sont au rendez-vous sans pour autant dégager du contenu satisfaisant. On se perd totalement dans l’héritage contemporain du rock, l’ambition première du quatuor, malgré quelques mélodies qui méritent applaudissements. Ici, éloigné de l’American Beauty, on s’enfonce relativement dans l’American Psycho. Espérons désormais que la formation originaire de Chicago aura de quoi revendre en live avec des versions plus brutes et agressives que celles présentement exposées.

Informations

Label : Universal Music / Maison Barclay
Date de sortie : 19/01/2015
Site web : falloutboy.com

Notre sélection

  • Fourth Of July
  • Uma Thurman
  • Twin Skeleton’s (Hotel In NYC)

Note RUL

2.5/5

Ecouter l’album