Chroniques

Every Time I Die – Low Teens

On avait quitté les originaires de Buffalo il y a deux ans avec un “From Parts Unknown” qui prenait des chemins très chaotic hardcore (la production de tonton Kurt Ballou aidait sûrement), Every Time I Die est de retour en cette fin d’année avec un “Low Teens” très attendu. Every Time I Die, l’un de meilleurs groupes de scène au monde, a toujours réussi à retranscrire la folie qui l’habite sur CD, offrant des galettes d’une intensité folle. Si le contenu s’est un peu diversifié depuis deux, trois albums, “Low Teens” nous offre au moins quelques headbangs monumentaux. Si ce n’est plus ?

Cette fois-ci, la production est confiée à Will Putney, plutôt habitué aux disques de metalcore très (trop ?) produits et formatés. L’alliance pouvait laisser craindre que la sauvagerie d’ETID soit sacrifiée au profit d’une plus grande efficacité. Il n’en est rien, et il faut peu de temps pour s’en rendre compte : l’ouverture “Fear And Trembling” / “Glitches” est magnifique de sauvagerie, de paroles scandées, de cris borderlines et de riffs monumentaux. Cet opus part très bien et le voyage n’offrira que peu de répit.

La production est incroyablement solide et cohérente avec l’esprit de ETID. Chaque instrument (voix y compris) est parfaitement mis en avant : les guitares emportent tout sur leur passage, la batterie bastonne tout en offrant une couleur chaude aux morceaux et les voix sont très fidèles à la réalité.

Si les voix hurlées de Keith Buckley le placent comme l’un des meilleurs hurleurs en activité, il suffit d’avoir vu Every Time I Die une fois en concert pour se rendre compte qu’il n’est pas le chanteur le plus juste qui soit. Et cette fragilité est parfaitement retranscrite dans des morceaux plus calmes que les autres.

Si des titres comme “C++ (Love Will Get You Killed)”, tellement Queens Of The Stone Age dans l’esprit, ou “It Remembers” adoucissent le propos, on garde le coté toujours sauvage du combo grâce à ce merveilleux travail à la production. Les textures et ambiances sont imparfaitement traitées de manière à ne pas rendre ces chansons mièvres ou dispensables. Ainsi, l’arrivée inattendue de Brendon Urie (Panic! At The Disco) sur “It Remembers” peut laisser craindre un coté trop cheesy sur le papier, pourtant, à l’écoute, il n’en est rien. A mesure que la chanson s’enfonce dans une folie proche de la schizophrénie, l’apport d’Urie ajoute ce grain de folie qui fait passer cette chanson dans une autre dimension.

Les faiblesses de cet effort sont peu nombreuses et ne méritent pas d’être relevées. Les moments épiques sont, par contre, bien trop nombreux pour être mentionnés ! Mais l’ensemble réussit à tenir son auditeur de bout en bout sans que l’ennui ou l’indifférence ne viennent perturber l’écoute. Si “Petal” se présente comme un morceau classique, son pont poisseux et ralenti nous ramène sur terre fermement, au même titre que ces paroles scandées quasi a cappella sur “Religion Of Speed”. Every Time I Die nous avait habitués à des paroles assez légères mais le ton durcit clairement sur “Low Teens”. Les angoisses et les peurs de Buckley ressortent sur chacun des titres et ajoutent de la profondeur à une oeuvre déjà dense.

Vous l’aurez compris, “Low Teens” est une réussite. S’il est moins chaotic que son ainé, la folie d’Every Time I Die n’est pas bridée, bien au contraire. Le quintette a juste muri suffisamment pour offrir un concentré de ce qu’il sait faire le mieux, tout en ouvrant le spectre de ses capacités afin d’offrir à l’auditeur une palette de sensations toutes plus réjouissantes les unes que les autres.

Informations

Label : Epitaph Records
Date de sortie : 23/09/2016
Site web : www.lowteens.com

Notre sélection

  • Glitches
  • It Remembers
  • Map Change

Note RUL

4/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN