Chroniques

Duellum – Drift

Nommé d’après une poésie de Charles Baudelaire, ces quatre français se sont rencontrés sur les bancs de Sciences Po. Après un premier EP “For Some Reasons I Want To Talk”, la critique parle d’eux en ces termes : “ils composent aussi bien de l’électro dans l’optique de Vitalic que du rock dans la veine de Foals”, mais Foals ils ne s’en revendiquent aucunement. Entre quelques concerts en France et à Londres, notamment au Proud Camden (lieu fortement recommandé pour faire la fête), Duellum prépare son second EP. et tease par le biais de vidéos décalées, d’un mauvais goût assumé, au style vestimentaire improbable dans un décor absurde et rétro-moche ou encore d’une femme dont la crinière est ornée d’une montagnes de fruits exotique.

Première note de guitare scintillante rappelant Christian Mazzalai, “The ISLD” est un petit bijou pop, épuré, jamais gras, une sorte de britrock aux accents électro nettoyés à la peau de chamois. Avec un je-ne-sais quoi de Brandon Flowers, le chanteur permet d’éloigner l’ombre foalsienne qui plane sur Duellum. “Pineapple”, tout en gardant la même recette d’inspirations musicales d’indie rock méticuleux, le groupe ajoute un peu de world music et vitamine ses morceaux avec d’autres influences puisées chez des artistes comme Wild Beasts, Casiokids, ou encore Errors. Les guitares jouent constamment la rupture entre explosions aiguës et sonorités nébuleuses et claires tandis que les arrangements électroniques minimalistes s’occupent d’hypnotiser les auriculaires. “Madras” offrira une continuité nettement plus noire à Duellum, l’enfant prodige de Steve Reich, Philip Glass et The Books. Mais le plus beau reste à venir, lorsque Duellum s’essaie à l’électro, vocoder façon Daft Punk, rythmique africaine, basse explosive retro et envoûtante à la manière de Kavinsky, se terminant dans une apothéose de son minimaliste superposé digne d’une clôture d’un festival d’été.

Duellum, tente et se réinvente, et il le fait bien. Nettement plus approfondie que son EP précédent, le quatuor français explore de nouveaux horizons qui lui permettrait de ne plus être comparé à Foals mais à sortir du lot en prenant le pas d’autres registres, d’autres contrées plus vertes et encore inexploitées. Une belle performance qui ouvre une opportunité intéressante pour le premier album du groupe, à suivre.

Informations

Label : Ouich’Eaters
Date de sortie : 25/02/2013
Site web : www.duellumatic.com

Notre sélection

  • Nothing But Noise
  • The ISLD
  • Pineapple

Note RUL

3.5/5

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