Dropkick Murphys – For The People

Après This Machine Still Kills Fascists (2022) et Okemah Rising (2023), les Bostoniens reviennent avec un nouvel album toujours aussi politique et social avec For The People. Là où Dropkick Murphys revenait aux racines folk de sa musique, on retrouve dans ce nouveau disque la hargne de la musique rock irlandaise.

Un retour aux sources irlandaises

Les sonorités de tin whistle et d’accordéon nous remettent tout de suite dans le bain : Dropkick Murphys revient à ses racines americano-irlandaises. Cela est particulièrement illustré par les morceaux “Longshot” (enregistré avec le groupe de heavy metal originaire de Dublin The Scratch) ainsi que sur la deuxième collaboration de l’ensemble “One Last Goodbye “Tribute To Shane””. De part ce titre, écrit comme un hommage à Shane McGowan des Pogues, Dropkick Murphys fait le pont entre son rock américain et la tradition du rock irlandais, alimentant sa musique depuis ses tout débuts. Le celtic-punk coule dans ses veines depuis près de 30 ans et ne semble pas s’épuiser.

D’autres collaborations sont présentes sur cet album, toutes plus marquantes et intéressantes les unes que les autres : The Mary Wallopers sur le morceau “Bury The Bones” imprime un son brut folk très puissant ajoutant une dimension contestataire différente de celle de Dropkick Murphys; et enfin la venue de Billy Bragg sur “School Days Over” qui évoque le travail des mineurs. Contestataire lui aussi, on note également une dimension sociale proche de ce qui avait pu être proposé sur Okemah Rising.

…pour mieux retrouver son histoire américaine

L’Irlande n’est certes jamais très loin pour le groupe de Boston, mais ce sont aussi des artistes américains. Leur rock puissant et agressif est toujours aussi présent, et leur vision des États Unis et de sa société aussi : “Fiending For The Lies”, “The Big Man” sont deux exemples de ce que dénonce le groupe : la précarité et le pouvoir des élites politiques et économiques, toujours d’actualité…

Ce retour au rock contestataire est lié à un autre revival : Al Barr revient en tant qu’invité au chant, nous procurant un vrai plaisir. Sa voix éraillée reconnaissable entre toutes sur le morceau “The Vultures Circle High” y apporte une profondeur bienvenue ainsi que beaucoup d’émotion. C’est d’ailleurs le maître mot des titres “Chesterfields And Aftershave” et “Streetlights” évoquant pour l’un un grand-père taiseux mais aimant, et pour l’autre le décès d’un père.

Loin de réinventer la roue (ou le celtic punk) avec For The People, Dropkick Murphys continue de tracer sa route dans un sillon qui a parfois tendance à tourner en rond. Toujours du côté du peuple ou des sans-voix, les Bostoniens leur donnent, via leurs albums, un écho pour dénoncer les injustices sociales et la précarité. Avec un disque compact mais punk, maîtrisé mais foisonnant, le groupe a décidé de poursuivre un combat qui peut sembler perdu d’avance.