Chroniques

Drenge – Drenge

Drenge est un groupe de rock indé qui serait resté dans l’ombre si la politique de son pays ne s’en était pas mêlée. En effet, lorsque le député Tom Watson démissionne de son poste de campagne, à la lumière du développement du Parti travailliste britannique, il conclut tout de même son allocution de démission par : “Et si vous voulez voir un groupe génial, je recommande Drenge”. Une publicité gratuite en or pour les deux frères Eoin et Rory Loveless, originaires de Castleton qui sortent leur disque quelques semaines plus tard. Biberonné au grunge de Nirvana, le premier album éponyme est l’un des plus virulents de cette rentrée. Dans l‘esprit des représentants générationnels du punk infusé, de The Stooges aux Sex Pistols en passant par The Libertines, les nouveaux venus aux sonorités blues garage débarquent guitares et baguettes au poing.

A l’instar de The White Stripes, Drenge est un duo batterie/guitare à la rythmique puissante, arrosée de riffs gras parcemés d’une attitude désinvolte et viscérale. Dans cette mouvance à la limite du protopunk s’enchaineront “People In Love Make Me Feel Yuck” et “Dogmeat”. Plus grunge, “I Want To Break You In Half” continue la surenchère d’explosion musicale; cette influence chère au groupe reviendra plus tard avec le sombre “Face Like A Skull” à la progression proche de “Smells Like Teen Spirit”. Par la suite, les riffs brutaux qui alimentent “Bloodsports” et “Backwaters” se distilleront de façon mathématique et crescendo à la manière de l’équipe de Josh Homme. Le plus proche de l’esprit blues surviendra avec le simple et accrocheur “I Don’t Want To Make Love To You” où Eoin Loveless s’amuse sur un refrain tantôt glam, tantôt brutal et nerveux. “Nothing” continuera dans cette voix garage blues, avec moins de ferveur. “Bye Bye Bao Bao” prendra le pas d’une distorsion très shoegaze du plus bel effet, (pour des frères qui s’appellent Loveless, c’est un comble). Enfin, “Fuckabout” viendra terminer le voyage dans l’esprit révolté de Drenge, avec la douceur cryptique d’Archive et les guitares lascives des Libertines (et un zeste de Mates Of State).

Jouissant d’excellentes références musicales, et de la vision du monde qu’elles transmettent, Drenge livre un premier opus explosif, rythmé, aux textes mélancoliques et révoltés. Planté entre Death From Above 1979 et Nirvana période “Bleach”, Rory et Eoin Loveless vivent dans un monde sanguinaire, aux oiseaux morts et aux belles gueules savatées dans l’esprit de l’affiche du film “Only God Forgives”. A certains moments, les chansons peuvent paraître rudimentaires, mais c’est sans compter l’énergie primitive qui en découle : une guitare grasse impassible et une batterie tonitruante qui annonce la foudre. Ce duo capture l’essence de l’insouciance adolescente nihiliste.

Informations

Label : Infectious Music / PIAS
Date de sortie : 19/08/2013
Site web : www.drenge.co.uk

Notre sélection

  • People In Love Make Me Feel Yuck
  • I Don't Want To Make Love To You
  • Fuckabout

Note RUL

4/5

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