Chroniques

Deftones – Koi No Yokan

Deux ans et demi après le sublime “Diamond Eyes” (2010), Deftones revient avec “Koi No Yokan”, deuxième album enregistré sans le bassiste Chi Cheng suite à son grave accident de voiture en 2008. Bien que ce dernier soit heureusement désormais sorti du coma, la formation metal alternatif attendra son rétablissement total avant de sortir “Eros”, l’opus fini juste avant l’accident. C’est donc “Koi No Yokan” qui vient prendre le relais en attendant et, autant le dire tout de suite, s’imposer comme l’un des meilleurs albums de cette fin d’année 2012.

Tout d’abord, que signifie “Koi No Yokan” ? Difficile de ne pas se poser la question avant de se lancer dans une première écoute de ce nouvel effort. Visiblement, cette expression japonaise n’est tout simplement pas traduisible littéralement en français, mais elle évoquerait la perception immédiate d’un futur amour entre deux personnes venant de se rencontrer, à distinguer pourtant du fameux coup de foudre. Hmm, compliqué, mais après réflexion, tout cela renvoie un peu à cette sensation ressentie vis-à-vis de ce septième disque, avant même de presser la touche “play”. Connaissant Deftones, on s’attend en effet à être renversé par ces nouvelles compositions, la bande de Sacramento ne nous ayant jamais vraiment déçus par le passé. Même en n’ayant rien entendu, il sera facile de sentir que ce nouvel opus va nous plaire, et il tournera très certainement en boucle pendant ces prochaines semaines. Et ça ne rate pas, dès les premières secondes de “Swerve City”, on est complétement happé par les riffs à la fois lourds et incisifs de Stephen Carpenter et la voix unique de Chino Moreno, toujours aussi à l’aise dans un chant très aérien autant que screamé. “Romantic Dreams”, avec sa mélodie cyclique très appuyée à la guitare, a un coté assez hypnotisant, tout comme “Entombed”, le morceau le plus calme de l’ensemble. Sans doute l’un des plus captivants par son ambiance presque atmosphérique qui nous renvoie directement au “Sextape” de “Diamond Eyes”. “Leathers”, premier single de l’album, surprend par sa brutalité soudaine après un début très doux guitare/clavier, une manière de nous rappeler que le groupe n’a rien perdu de son côté tranchant et de sa capacité à nous mettre un peu mal à l’aise, avant de rebondir sur un refrain plus léger. “Poltergeist” poursuit dans cette dynamique avec un son très brut, voire sale, et une rythmique saccadée des plus efficaces. Sur ce nouvel effort, force est de constater que la formation a également souhaité prendre son temps, avec deux morceaux excédant les six minutes. D’abord le très bon “Tempest”, justement choisi comme second single, qui à lui seul reflète particulièrement bien ce “Koi No Yokan”, alternant moments de vraie douceur et passages d’une rare intensité dans un mélange maitrisé comme seul Deftones sait en produire. “Rosemary” œuvre dans la même veine, en se montrant toutefois plus progressif et flottant que “Tempest”, notamment au niveau de son intro et de son outro. Avec “Gauze” et “Goon Squad”, un son plus proche des années “Around The Fur” (1997) et “White Pony” (2000) est à l’honneur, avec des riffs particulièrement acérés et des mélodies frontales, où la basse de Sergio Vega se fait aussi plus présente; autrement dit, un pur bonheur pour les oreilles. C’est avec “What Happened To You?” que se conclut déjà cet opus, dernière preuve s’il y en avait encore besoin du talent des cinq de Sacramento, avec ses envolées mélodiques et vocales et le travail d’Abe Cunningham à la batterie, absolument bluffant à contretemps.

Fort d’un parcours déjà impeccable, Deftones frappe encore un grand coup avec “Koi No Yokan”, à la fois puissant et subtil. Un petit bijou qui nous pousse à croire que la formation ne cessera jamais de nous surprendre et de nous impressionner. Et franchement que pourrait-on demander de plus ?

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 12/11/2012
Site web : www.deftones.com

Notre sélection

  • Leathers
  • Gauze
  • Goon Squad

Note RUL

4.5/5