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Dead Poet Society – FISSION

À l’occasion de son unique date française ce lundi 11 mars à La Maroquinerie, revenons sur le dernier album de Dead Poet Society, FISSION, mis à l’honneur par sa tournée. Un disque efficace et survitaminé qui ne promet que des bonnes choses en live.

Introspection dramatique

Dead Poet Society fait du Dead Poet Society : lourdeur des riffs, envolées vocales à couper le souffle, paroles empreintes de sentimentalisme et de déceptions amoureuses… Pas de doute : dès les premières secondes, on est envahis d’un agréable sentiment de familiarité.

S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher au groupe, c’est la retenue émotionnelle. Et on le constate rien qu’en parcourant les titres des morceaux : “HURT”, “How could I love you?”, “I hope you hate me.”. Dans la continuité de ses productions passées, le chant, comme les arrangements, nous donnent la sensation que le quatuor bostonnais y a mis toutes ses tripes et nous a livré tout ce qu’il avait à offrir. Comme si on parcourait les pages du journal intime de Jack Underkofler, chanteur virtuose de la formation. Chagrins amoureux, relations toxiques, santé mentale, instabilité émotionnelle, sens de la vie… tout y est. Au-delà des paroles, les instruments sont tout aussi expressifs, et voilà précisément l’une des forces principales du groupe : sa capacité à partager certains états d’âme qui ne dépendent pas uniquement des textes. Le build up final de “HURT” en est un bon exemple. La batterie semble avoir abandonné toute retenue et sème le chaos, évoquant l’urgence portée par le message de la chanson, qui s’attarde sur les conséquences liées à un certain choix de vie (celui de faire carrière dans la musique, semble-t-il). Mais aussi ces riffs provocateurs et espiègles dont ils ont le secret, qu’on a su apprécier sur “Touch” et “SALT”, et qu’on retrouve sur “Hard To Be God” ou encore “KOET”.

Enfin, comment passer à côté de l’immense talent de Jack Underkofler, qui allie maîtrise vocale et expressivité à la perfection ? Il impressionne certes par la hauteur et la puissance de ses notes, mais aussi par sa capacité à retranscrire chaque émotion avec justesse et authenticité. Des quasi-murmures insolents des couplets de “HURT” et du pont de “Hard To Be God” aux plaintes lyriques de “81 Tonnes” et “Running In Circles”, le tout est très chargé émotionnellement, mais sans jamais nous écœurer. Bref, chez Dead Poet Society, pas besoin du texte pour comprendre ce qu’ils essaient de nous dire. L’enveloppe musicale fait largement l’affaire.

We want more

Les mélodies entêtantes et cathartiques de “Running In Circles” et “Tipping Point” (dont les chœurs, comparables à ceux d’une “Colors” ou d’une “Sound And Silence” viennent affirmer ce côté un peu radio) confirment la faculté à jouer avec ce que la pop a de meilleur à offrir. Sans oublier l’étonnante “My Condition”, dont la fraîcheur et l’insouciance évoquent les bandes-son de notre jeunesse du début des années 2000. Tout cela en conservant leur identité sonore si typique, avec ce foisonnement de riffs gras et de guitares désaccordées pour trouver un son particulièrement grave et puissant.

Justement, les fans de première heure pourront reprocher au groupe de ne pas être allé assez loin dans la recherche d’originalité, malgré le côté bluesy de “Black And Gold” et la pop décomplexée affichée par “My Condition”. À noter également les sonorités Royal Bloodesques de “Hard To Be God”. D’aucuns diront que l’identité sonore, qu’on retrouve aisément dans ce deuxième album, suffit à elle-même; que celle-ci est reconnaissable parmi mille formations d’alt-rock moderne, et suffit à les démarquer. Mais certains chefs-d’œuvre passés (“Lo Air”, “Animation”, ou encore “Sutton.” pour n’en citer que quelques-uns) ont mis la barre très haute pour la suite de la carrière de Dead Poet Society. On n’irait pas jusqu’à lui reprocher de se complaire dans le rock générique, mais le potentiel ne semble pas pleinement exploité. Heureusement, ce qui manque peut-être en originalité sur ce disque est comblé par une énergie débordante, avec des chansons survitaminées et des ambiances électriques. Mais comme le chante lui-même Jack Underkofler dans “My Condition” : “we want more“.

FISSION s’inscrit dans le prolongement de l’identité musicale de Dead Poet Society et comporte quelques pépites dont le trop-plein d’énergie promet de grandes choses pour les versions live. Les Américains n’ont pas encore révolutionné le rock, mais nous ont offert un disque explosif empreint de sincérité.

Informations

Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 26/01/2024
Site web : www.wearedps.com

Notre sélection

  • Black And Gold
  • 81 Tonnes
  • Uto

Note RUL

 4/5

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