Chroniques

David Bowie – The Next Day

Le phénix David Bowie renait une nouvelle fois. A 66 ans, alors qu’on le pensait quasi agonisant, le voici, créant la surprise et sortant un titre le jour de son anniversaire. Puis un album, enregistré secretement à Berlin, de retour quarante ans après dans la capitale allemande qui lui avait inspiré la superbe trilogie “Low”/”Heroes”/”Lodger”.

Tout d’abord, il y a eu ce single contemplatif et mélancolique “Where Are We Now?”. Ensuite, cette pochette dont le choix nous a un peu déconcerté, puisqu’il s’agit du recyclage de celle de “Heroes” (1977) : le mot “heroes” est barré et un large carré blanc sur le lequel est inscrit “The Next Day” masque le visage du chanteur. Du neuf avec du vieux : est-il nostalgique à ce point ? Le grand retour de Bowie est une reprise dans la continuité plutôt qu’une rupture et une nouvelle transformation. Produit par le fidèle Tony Visconti, et avec la même équipe de musiciens qu’il y a dix ans (les guitaristes Gerry Leonard et Earl Slick, et le batteur Sterling Campbell), David Bowie signe un album entre tradition et modernité. Une pop gracieuse et racée, servit par des guitares ciselées qui invoquent parfois Robert Fripp, avec toujours cette voix de velours plaintive, inimitable. Contrastant avec la mélancolie du single de janvier, le disque démarre de façon enjouée avec le titre éponyme. Bowie joue sa propre palette musicale, une pop rock à l’ancienne, intello et pleine de panache. Si les deux moments les plus lents sont l’introspectif “Where Are We Now?” et “Heat” qui ferme la marche en apesanteur, le reste est riche de sève. Directement dans la lignée de la trilogie berlinoise, “How Does The Grass Grow?” est à la fois crépusculaire et prise d’une énergie syncopée; comme “Dancing Out In Space” scandé par la batterie, ou “If You Can See Me” aux lignes mélodiques complexes. Constellé de touches chatoyantes de saxophone, en mode nocturne et urbain sur “Boss Of Me” où le saxo baryton racle les fonds. Ou en solo rutilant dans le groovy “Dirty Boys”, saupoudré en sus de quelques notes asiatiques à la “China Girl”. Voilà que Bowie a repris les armes sur “(You Will) Set The World On Fire”, titre le plus rock et énergique du disque, et qu’il sait encore mener la danse avec le bien troussé et efficace “Valentine’s Day”.

“The Next Day” est bien le prolongement de la trilogie berlinoise, peut-être un peu moins désinvolte, mais toujours flamboyant. Oui, Bowie est fascinant, et il sait toujours créer son propre univers; il suffit d’écouter et de regarder les clips qui accompagnent déjà les deux singles de “The Next Day”, pour constater qu’il a toujours ce chic hors du temps avec une pointe de spleen. Et si Bowie fait du Bowie et possède un style sans âge, il a aussi compris comment se servir habilement d’internet en sortant un titre surprise et en diffusant son album gratuitement. Etape suivante : David Bowie a offert sa collaboration pour une expo à Londres qui lui est consacrée. Etape suivante… un retour sur scène ?

Informations

Label : Sony Music / Columbia
Date de sortie : 11/03/2013
Site web : www.davidbowie.com

Notre sélection

  • Valentine's Day 
  • (You Will) Set The World On Fire
  • The Next Day

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album