Sept années de silence. C’est long. Mais quand Daron Malakian revient, ce n’est pas pour chuchoter, mais pour distribuer des uppercuts en pleine face. Avec Addicted To The Violence, troisième album de son projet Scars On Broadway, le cerveau agité de System Of A Down livre une œuvre bouillonnante, à la croisée des crises existentielles et des riffs vénéneux. Mélodique et barbelé, ce disque ne choisit pas entre la rage et l’élégance : il est tout simplement accro… à la violence.
Un chaos parfaitement dosé
L’entrée en matière ne laisse aucune ambiguïté : “Killing Spree” et “Satan Hussein” (vous l’avez ?) tabassent d’entrée. Le premier mêle punk frénétique, refrains scandés et paroles glaçantes sur une jeunesse en perte totale de repères : “The kids are on a killing spree“. Le second, plus gras, plus dissonant, aligne les thèmes sulfureux – religion, drogue, médias – sur fond de riffs orientalisants. Le ton est donné : Malakian balance tout, sans filtre, avec une intensité féroce.
On aurait pu croire Daron enfermé dans une spirale de brutalité, mais non : il est aussi addicted to the nuance. La preuve avec “Done Me Wrong”, tube déguisé en bizarrerie, entre cavalcade heavy, claviers aux accents arméniens et refrain pop imparable. Une passerelle idéale entre le chaos organisé de SOAD et un rock plus aventureux.
Violence douce, rage lucide
On le pensait uniquement accro à la distorsion, mais Daron l’est aussi à l’introspection. “The Shame Game” et “You Destroy You” offrent deux respirations bienvenues, plus lentes, plus mélodiques, comme si la fureur devait parfois céder la place à la réflexion. Le groove se fait plus feutré, les paroles plus amères, mais jamais résignées.
“Destroy The Power” repart au combat, armé d’un groove tribal et de lignes vocales à mi-chemin entre le chant de guerre et la transe mystique. Malakian n’a jamais caché son goût pour ses racines orientales : ici, il les embrasse pleinement, en fusion parfaite avec une production contemporaine. Résultat ? Une violence à visage humain, mais toujours addictive.
Un final sous haute tension
Les dernières cartouches ne font pas dans la dentelle. “Your Lives Burn” est un condensé de punk furieux, avec le genre de punchline qui s’incruste dans le cerveau : “The politicians and the media conspire while your lives burn in the fire.” Ça tape juste, ça tape fort, et ça tape vite. “Imposter” enchaîne avec ses guitares poisseuses et son chant martelé, taillé pour la scène. Puis “Watch That Girl”, plus sinueux, multiplie les variations rythmiques pour mieux désorienter.
Enfin, le morceau-titre, “Addicted To The Violence”, conclut le disque avec classe. Mélodique, sombre, presque hymnique, il superpose claviers et guitares pour bâtir un mur sonore d’une richesse rare. Malakian y chante dans un registre plus grave, presque hanté, donnant au final une profondeur insoupçonnée.
Avec Addicted To The Violence, Daron Malakian signe un retour fracassant. Plus qu’un palliatif à l’inaction de System Of A Down, cet album affirme une identité forte, entre satire, introspection et folie maîtrisée. Un disque sans compromis, qui confirme que parfois, la violence est la plus honnête des musiques. Et une preuve éclatante qu’en 2025, être accro à la violence, c’est peut-être le seul moyen d’affronter la réalité.
Informations
Label :
Date de sortie : 18/07/2025
Site web : scarsonbroadway.com
Notre sélection
- Done Me Wrong
- Killing Spree
- Addicted To The Violence
Note RUL
4/5