Chroniques

CyLeW – Black Lace Prophecy

Trois ans après un premier album des plus prometteurs, “Not So Sleeping Not So Beauty”, CyLeW revient avec son deuxième opus, “Black Lace Prophecy”.

Exit l’anti-belle au bois dormant peroxydée de 2008 s’attristant, dans ces précédentes chansons, de la perte de l’insouciance et la rupture involontaire avec les contes de fées. Plus mature, elle raconte sa vision de la société, le fait de survivre plutôt que de vivre, dans le monde moderne, et le combat perpétuel entre le bien et le mal qui subsiste dans notre inconscient. L’ensemble est inséré sur toile de fond d’une nouvelle de science-fiction apocalyptique (dans le livret de l’album). L’univers est particulier, rempli de références allant de la bible à Cormac McCarthy, beau et dérangeant à la fois. Dès le premier morceau, “Erase The Scares”, la voix calme et enivrante de CyLeW met une douce claque : la puissance et l’émotion qui en découle renvoie au premier travaux de Dolores O’Riordan. Malgré un bel effort vocal, un problème persiste : un ensemble guitare/batterie qui manque de punch et reste trop en-deçà de la signature vocale. CyLeW s’inspire de deux mouvances artistiques bien distinctes, la musique rock noisy et l’électro pop des années 80 : un mélange des genres qui devient hasardeux à l’écoute du deuxième titre “Survivor”. Trop lisse et trop épuré pour l’intro et l’outro, la transition devient brouillonne et à un certain moment indescriptible. L’ambiance sombre et romantique proche du gothique est toujours présente. Il n’y a qu’à écouter “The Good, The Bad, The Evil” : la voix monte dans les aigus et retombe en chuchotements, à la fois sombres et maternalises. C’est beau, mais, hélas la musique ne colle toujours pas, comme une expérience inachevée. Vient alors la césure de l’album : la ballade “Fall To Pieces”, très proche de ce que propose Amy Lee avec un piano. Il faudra attendre le neuvième morceau du disque (sur treize) pour jouir enfin du talent de CyLeW à son zénith ! “Near Or Far” fait oublier tout le reste du CD, dans une mouvance garage-pop-électro-expérimentale des plus enrichissantes : les inspirations de Depeche Mode, The Kills et même de Bjork arrivent à nos oreilles ! L’utilisation du synthé et des boites à rythmes s’allient à merveille avec cette voix qui semble venir d’outre-tombe. La performance de reconversion tient du génie jusqu’à “Silent Alarm”, mais CyLeW n’assume pas son style trop électro et faiblit sur “Strike The Match” avant d’offrir une “redite” de “Survivor” en guise de conclusion.

Les titres nous révèlent, les uns après les autres, les différentes facettes de voix et de styles de CyLeW, ne restant pas dans un son figé mais voguant entre pop, rock et électro. Une sorte d’album transition montrant d’où CyLeW vient (du rock) et où elle va (l’électro). Attention à ne pas rester trop longtemps au bord de la route, les fans risqueraient de perdre le nord.

Informations

Label : Adore Records
Date de sortie : 01/12/2012
Site web : cylew.bigcartel.com

Notre sélection

  • Stop
  • Near Or Far
  • Silent Alarm (War Cry)

Note RUL

2.5/5

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