Crossfaith – Apocalyze

Groupe d’électro metal japonais fondé en 2006, Crossfaith vient aujourd’hui défendre leur dernière sortie, “Apocalyze”. Troisième album studio de la formation, ce dernier transfert l’auditeur entre metalcore et electronica agrémenté d’un soupçon hardcore.

Avec un opus composé de douze titres, les japonais balancent quarante-trois minutes d’electronicore à la puissance fracassante. Après un prélude introductif, à la fois énigmatique et déjà futuriste, la formation prend  l’auditeur en douceur. Mais les hostilités commencent vingt-huit secondes plus tard avec le deuxième morceau, “We Are The Future” à l’énergie syncopée, martelée par une batterie impitoyable. La batterie de Tatsuya Amano ne laisse aucun repos possible. Elle mitraille les fûts dans “Hounds Of The Apocalypse”, crée une véritable tornade de double pédale qui frappe les tympans dans “Gala Hala (Burn Down The Floor)”, et va jusqu’à produire un effet de défragmentation séquencée dans “Deathwish”. Avec un synthétiseur qui forme la patte de la formation agrémentant les morceaux de phrases électro dubstep, les compositions prennent une dimension électro futuriste qui donne au metalcore du groupe de véritables couleurs et permet de pimenter les créations. Terufumi Tamano va jusqu’à procurer un aspect dansant à “Eclipse”, tout en gardant une dynamique solide avec une teinte plus festive. Un morceau fidèle au groupe qui vient rappeler son goût prononcé pour les concerts survoltés et les jagerbombs sur fond de mélodies optimistes et musclées. Même la session de cordes présente dans “Counting Stars” se fait rapidement bousculée par l’arrivée du synthé qui l’engouffre dans la puissance de mosh parts bien relevés, que l’on retrouve également aux détours du single “We Are The Future” et de “Burning White” à l’aide d’un scream martelé par la double pédale. Mais l’opacité sonore dont fait part la formation s’amoindrie par le chant féminin de Scarlette et s’aère dans l’ambiance atmosphérique de “Deathwish”, titre plus calme et épuré que le reste de l’album. Le clip vidéo de “We Are The Future”, sorti le 11 juillet, expose parfaitement la tonalité du combo qui téléporte dans un cosmos sonore venu d’une planète inconnue, rajoutant au coté épique des japonais en leur conférant une forme quasi extraterrestre. Mais la formation n’en garde pas moins les pieds sur terre en abordant, dans ce disque, des sujets qui vont du harcèlement scolaire, dans “Countdown To Hell”, au secret d’état à propos du désastre nucléaire de Fukushima dans la chanson de fin, “Only The Wise Can Control Our Eyes”. Le chant se positionne comme la partie caméléon de Crossfaith qui n’hésite pas à le décliner sous plusieurs couleurs. Outrepassant un chant clair ou growlé que Kenta Koie ménage avec aisance et clarté, des effets de voix et des collages sonores viennent donner de la matière aux compositions, comme le démontrent avec éclat “Hounds Of The Apocalypse” et “Counting Stars”. Les choeurs, quant à eux, rajoutent de la force à l’opus, notamment dans “Hounds Of The Apocalypse” et son phrasé rapé. “Countdown To Hell” est le morceau fort de l’essai aux côtés de “We Are The Future”. Avec une entrée explosive et forte en double pédale, un chant sorti des entrailles de l’enfer spatial laisse entendre le rugissement du growl de Kenta. Dans la continuité de l’album, la progression du titre se fait sous la détonation d’un combo basse/grosse caisse solide. “Only The Wise Can Control Our Eyes” clôt l’ensemble dans un rythme effréné et fait l’éloge final d’un chant qui avance sans buter.

Faisant suite à leur dernière sortie, l’EP “Zion”, paru l’an dernier, “Apocalyze” fait preuve d’une énergie époustouflante et fidèle au groupe qui ne semble pas s’épuiser avec les années. L’album est sorti le 19 août en Angleterre et le 20 au Canada; il devrait paraitre courant septembre pour le reste du monde, ce qui marque la volonté prioritaire de Crossfaith de conquérir surtout le public anglo-saxon.