Chroniques

City And Colour – The Hurry And The Harm

Il fut un temps, au début des années 2000, époque d’un post hardcore florissant, naquit Alexisonfire. Groupe à l’esprit bi-pôlaire se caractérisant par l’association des hurlements rauques et violents du chanteur George Pettit avec le chant plus doux et harmonieux de Dallas Green sur des mélodies de guitares. À côté du groupe, tandis que le premier erre entre carrière solo et projet discontinu, le second crée City And Colour (jeu de mot avec Dallas Green). Nettement plus folk, City And Colour sort son premier album “Sometimes” en 2005, décrit par certains comme étant “dynamiquement doux et vulnérable”. Après deux autres opus avec son groupe solo, Dallas Green met un terme à Alexisonfire en août 2011. Pour son dernier effort, “The Hurry And The Harm”, Dallas Green s’est entouré de cadors du rock tels Jack Lawrence à la basse (The Raconteurs/The Dead Weather), James Gadson à la batterie, ainsi que Bo Koster (My Morning Jacket) sur les touches.

“The Hurry And The Harm” démarre avec le titre éponyme de l’album, la guitare sèche lance une ballade folk qui s’émerveille à l’arrivée de la voix mélodieuse de Dallas Green, la basse se ravira de quelques solos bien sentis. Du même acabit, lancé par un arpège ouaté, “Take Care” amène une déclaration de tendresse envers un ami qui atteint son zénith lors des pics incroyables du chanteur. Il est clair que ses qualités vocales ne sont plus à prouver, délicatesse et puissance dans une seule voix. Sur “The Golden State”, titre complètement épuré, Dallas, associé d’un riff de guitare minimaliste et d’une batterie au fouet, parvient à transporter dans un univers parallèle ressemblant en tout point au nôtre, la douceur et la bonté en plus. Dans un aspect nettement plus pop, “Harder Than Stone” suit, proche de Travis, met tout en gardant sa qualité stylistique propre. “Of Space And Time” part dans des contrées country où la voix de Dallas flotte au-dessus d’une guitare rappelant le rythme des marées et une batterie qui gronde comme le tonnerre. Nettement plus éclectiques, “The Lonely Life” et “Paradise” iront lorgner du côté de Patrick Watson. Il faudra attendre “Commentators” pour que le disque se réveille réellement et amorce une explosion de rock folk 60’s, guitare-batterie-piano-basse gémissent dans un marasme harmonieux, suave, percutant et chaleureux à la fois. Le morceau sera entrecoupé de quelques temps mots rendant hommage à la voix de Dallas. “Thirst” reviendra sur Alexisonfire parsemé d’un riff strident et d’un beat électro capiteux. Le far west débarque avec “Ladies And Gentlemen”, la guitare tire des coups de pétoires, le piano fait ressentir, le vent dans la plaine et la batterie rugit pour couvrir la douleur de Dallas. “Death’s Song” vient conclure l’album, connaissant le mélancolique Green, il fallait bien une chanson sur le thème de la mort. Dans une ambiance de pop folk intimiste, entre la douceur de Leonard Cohen et la noirceur de Neil Young.

Moins novateur que les précédents opus, “The Hurry And The Harm”, y gagne en variété, que ce soit dans le domaine musical ou encore dans les aspirations émotionnelles. Green reste égale à lui-même, et c’est surtout ça qui plaît. Cette délicatesse, demeurant toujours une offrande de la nature, dénote d’une personnalité à fleur de peau galvanisée par son innocence. La patte de City And Colour reste et demeure, les mélodies se métamorphosant par des arrangements subtiles et des paroles qui permettent de voguer dans les méandres de l’âme de Green, complètement mise à nue. Un artiste et un groupe à suivre de près.

Informations

Label : Cooking Vinyl / PIAS
Date de sortie : 04/06/2013
Site web : www.cityandcolour.com

Notre sélection

  • Commentators
  • The Golden State
  • Take Care

Note RUL

3.5/5