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Circa Waves – Never Going Under

Dans la catégorie des formations arrivées à la mauvaise époque, on demande Circa Waves ! Propulsés au tout premier rang des espoirs de la scène rock britannique par les petites bombes Young Chasers (2015) et Different Creatures (2017), les Liverpuldiens auraient fait un malheur dans les années 2000, avec leurs mélodies entêtantes et leurs refrains immédiats. Hélas, la seconde moitié des années 2010 n’étant pas la plus propice aux groupes à guitare, leurs deux albums suivants sortiront dans un relatif anonymat, malgré quelques pépites (à l’image des géniales “Call Your Name” ou “Sad Happy”, issus du double album du même nom).

Bien déterminés à continuer de tracer leur sillon, les jeunes trentenaires reviennent avec Never Going Under. De quoi leur permettre de renouer avec la hype ?

Déferlante de tubes

D’entrée, on comprend que le quatuor a pris le parti de revenir à un style beaucoup plus concis et immédiat. Peu de morceaux excèdent les trois minutes, notamment dans la première partie du disque. Le trio d’ouverture est d’ailleurs un concentré de ce qui a fait la réputation du groupe. Le rythme est frénétique, les guitares ciselées et la voix délicieusement nasillarde de Kieran Shudall nous cueille instantanément. Parfaitement lancée par le titre éponyme, “Do You Wanna Talk” confirme l’aisance du chanteur à imprimer un rythme par sa diction impeccable.

Si l’influence de The Strokes est toujours palpable, la formation s’autorise quelques digressions. Ici, des claviers apparaissent pour soutenir le chant tout en finesse de Kieran (“Want It All Today”). Là, le groupe mélange Portugal The Man et Two Door Cinema Club sur le mid-tempo “Your Ghost”. Leurs compatriotes de Blossoms ne sont pas loin non plus sur “Golden Days”, rappelant la fibre solaire de leur tube “T-Shirt Weather”. Même si les Anglais se laissent parfois aller à des compositions moins inspirées (la générique “Electric City”, la plate “Hold On”), l’ensemble est d’une grande cohérence. Mention spéciale à la section rythmique, où la basse de Sam Rourke complète à merveille la batterie de Colin Jones dans le grand dynamisme des morceaux.

Terre/Happy

De l’aveu du chanteur, qui assure la production de cet album, la paternité a changé son regard sur le monde qui l’entoure. Après s’être illustré contre le Brexit sur Different Creatures (2017), Kieran chante ses angoisses liées au réchauffement climatique, aux troubles politiques ou encore aux attentes de la masculinité. Pourtant, la forme est délibérément plus joyeuse que les sujets abordés. A contre-courant de son thème, “Hell On Earth” est tout simplement jubilatoire, et vous restera en tête pendant des heures.

Si Circa Waves s’illustre par sa capacité à communiquer son énergie, il propose également par moment quelques respirations (“Northern Town”). Concluant l’ensemble, l’ouverture épique de “Living In The Grey” troque ainsi la power pop bondissante pour l’ambiance éthérée de Gang Of Youths (!).Ce morceau aux allures de confession apporte un point d’exclamation aux doutes parsemant le disque (“J’ai mis 27 ans juste pour atteindre cette partie. Était-ce tout ce que j’ai toujours voulu ? Était-ce un rêve devenu réalité ?“). Jamais la formation n’aura été aussi près de proposer la masterpiece poignante qui manque encore à sa discographie.

Avec Never Going Under, Circa Waves délivre un disque scintillant qui vient ajouter plusieurs très bonnes chansons à un répertoire déjà conséquent. En cette période de Blues Monday, la musique des Anglais est certainement la meilleure cure de vitamine à prescrire pour commencer l’année !

Informations

Label : [PIAS]
Date de sortie : 13/01/2023
Site web : circawaves.com

Notre sélection

  • Do You Wanna Talk
  • Golden Days
  • Hell On Earth

Note RUL

 4/5

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