Il y a dans The Only Heaven You’ll Know une lucidité rare. Caskets ne se cache plus derrière les artifices du metalcore moderne : ici, tout est à vif, à fleur de peau. Ce troisième album s’aventure dans des zones d’ombre que le groupe n’avait jusqu’ici qu’effleurées. Plus introspectif que Reflections (2023), il dévoile un groupe mûri, conscient de ses cicatrices et décidé à en faire des armes.
Là où la lumière saigne encore
Dès “Lost In The Violence”, le décor est planté. La tension est immédiate : riffs taillés au scalpel, rythmique implacable, et voix de Matt Flood plus déchirante que jamais. C’est une immersion dans la confusion, dans ce moment où la colère et la douleur se confondent jusqu’à ne plus former qu’un seul battement. Puis “Our Remedy”, partagé avec Make Them Suffer, marie puissance et désespoir avec une alchimie évidente. Les voix s’entremêlent comme des âmes cherchant un réconfort commun, à la frontière entre rage et tendresse. Ce besoin de se sauver ensemble, de panser les plaies à travers l’autre, résonne profondément : un cri de solidarité dans le chaos.
Au centre, “The Only Heaven You’ll Know” agit comme un pivot émotionnel. C’est une confession mise à nu, un aveu de fragilité face à la perte, la culpabilité, la survie. Le refrain, immense, semble suspendre le temps; il symbolise l’acceptation de la douleur comme seule voie vers la paix. Dans le même souffle, “What Have I Become?” poursuit cette descente introspective. Flood y autopsie ses propres ruines avec une lucidité glaçante. Entre colère rentrée et désespoir lucide, on sent l’homme derrière l’artiste, oscillant entre effondrement et résistance.
Puis vient “Make Me A Martyr”, sommet émotionnel du disque. Ici, la souffrance devient presque sacrée : on y perçoit le besoin désespéré de donner un sens à la douleur, quitte à s’y consumer. C’est un morceau d’une intensité spirituelle rare, porté par un Flood au bord de la rupture, qui transforme la vulnérabilité en transcendance. “Save Us”, lui, projette ce cri intérieur vers l’extérieur : le monde. C’est un titre urgent, brûlant, qui dénonce la perte d’humanité et la résignation collective. Entre riffs nerveux et refrains désespérés, le morceau devient une prière moderne, une imploration à ne pas sombrer totalement.
Enfin, “Broken Path” referme l’album dans un calme brisé, comme une dernière exhalation. L’acceptation s’y dessine doucement : Le chemin est brisé, oui, mais il mène toujours quelque part. Et c’est peut-être tout ce qu’il faut retenir. La lumière ne guérit pas – elle rappelle juste qu’on avance toujours.
La beauté dans la ruine
Avec The Only Heaven You’ll Know, Caskets signe un album d’une sincérité foudroyante. Loin du metalcore formaté, le groupe choisit la fragilité plutôt que la démonstration. Chaque titre respire la douleur, la perte, mais aussi cette volonté obstinée de tenir bon. Ensemble ils dessinent une étape de reconstruction, chaque note rappelle que la fragilité peut être une force. C’est un album qui parle à celles et ceux qui ont déjà chuté, aux âmes écorchées, à celles qui n’attendent plus de miracle à ceux qui continuent d’avancer malgré tout. Parce qu’au fond, le seul paradis qu’on connaîtra vraiment, c’est celui d’apprendre à vivre avec ses cicatrices.
Informations
Label : SharpTone Records
Date de sortie : 07/11/2025
Site web : shopus.casketsofficial.com
Notre sélection
- Make Me A Martyr
- What Have I Become
- Sacrifice
Note RUL
4,5/5







