Chroniques

Cascadeur – Ghost Surfer

En 2011, l’album “The Human Octopus” laissait apparaître aux yeux du public un musicien sans visage, toujours vêtu d’un casque de pilote de chasse à l’étoile rouge ou un match de lucha libre. Cascadeur, même s’il aime s’entourer de mystère et dissimuler son visage derrière un casque, son succès a fait que son histoire commence à être connue, il s’agit en fait d’Alexandre Logo, un musicien originaire de Metz, qui a étudié la musique classique et le jazz, avant de se mettre définitivement à un assemblage de pop/trip hop qui ne ressemble qu’à lui. Il transpire le lyrisme de Radiohead apporté par un clavier interstellaire, mélangé à la voix étrange et précieuse d’un Klaus Nomi discret et moins excentrique. C’est clair et chaque sonorité se répond tel un écho entre une baleine et un sous-marin. L’organique et l’électronique se mélangent dans une douceur flottante. Avec “Ghost Surfer”, le musicien masqué a patiemment construit sa vague et le voici parti dans l’espace.

“Casino” démarre et amorce la couleur stellaire de l’opus, seize titres planants et astraux. Pour le premier, le thérémine s’écrase contre le piano et s’envole avec la voix fragile et pointue de l’artiste. De nombreux invités gorgeront ce disque, ici avec Tim Smith et Eric Pulido aux chœurs. Il en sera de même pour le nébuleux “Visage Pâle”, le pop un peu folk “White Space” et le dérangeant “Babylone, Babylon ???”. Le plus classique de cet opus est probablement le single “Ghost Surfer”, avec ses aspirations britpop 70’s et son assemblage par DJ Pfel (C2C). Mais en tendant l’oreille et avec le casque de rigueur, le soin maniaque porté aux arrangements amène une amplitude panoramique à tous les morceaux, qui s’enchainent les uns après les autres et suivent leur chemin, à la manière d’une goutte d’eau tombant sur chaque rocher d’une cascade. Dans cette traversée, Cascadeur ira chercher ses racines dans la pop anglo-saxonne et le glam rock, pour un “Mohawk” flottant et pulsé par le clavier. Juste après, Cascadeur jouera de ses arrangements et son lyrisme électro aérien pour “The Odyssey”, fragile et fort à la fois.  Les collaborations iront de plus belle ensuite : Stuart A. Staples et Mederic Collignon pour le sombre et pop gothique “The Crossing”, Tigran Hamasyan sur “Ladyday (Ladydouble)” qui se suffit à un piano/voix entre le cabaret et le fantôme de l’opéra. Plus loin, c’est Anne-Catherine Gillet sur “Dark Passenger” qui joue de sa voix de soprano sur des jets de violons entrecoupés de messages lunaires. Le dernier invité prestigieux de cet album sera Christophe sur “Collector”, le parfait assemblage entre la pop yéyé de Christophe, la ballade jazz et l’électro nébuleuse de “The Human Octopus”. L’ensemble se termine sur le double titre “Road Movie”, dans la veine du reste. Une expérience douce et apaisante constituée de montées en puissance soutenues par la finesse vocale de Cascadeur et ses impulsions de sonorités intersidérales au milieu de son clavier.

Cascadeur amène encore une fois dans un univers particulier, après la pieuvre trip hop de “The Human Octopus”, le casqué devient astronaute et nous emporte, nous envole vers l’infini et l’au-delà.  Et l’au-delà, ce sont ces mélodies qui se suffisent à elles-mêmes, osant le mélange des styles mariant ainsi au piano, de la trompette, des guitares électriques, des violons ou encore de la flute, que ça soit pour de la pop, de l’électro, du jazz, ou du glam. Sa voix fait le reste, aidée par des arrangements d’une finesse que seule un vinyle ou un casque de très bonne qualité peut lui faire honneur. Cette musique dont tout semble désincarnée pulse d’un gimmick singulier, beau et fragile. Cascadeur part en voyage sur les routes de France, bientôt un alunissage pour les parisiens, ce sera le 12 mars au Bataclan.

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 03/02/2014
Site web : www.cascadeursound.com

Notre sélection

  • Dark Passenger
  • Road Movie (Part I)
  • The Odyssey

Note RUL

4/5

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