Bush – I Beat Loneliness

Trois ans après The Art Of Survival, Bush signe son grand retour avec I Beat Loneliness, son dixième album studio. Derrière ce titre à la fois introspectif et combatif se cache un disque où Gavin Rossdale explore les failles, les blessures et la résilience. Un album plus intime que jamais, mais qui n’oublie pas de rappeler la force créative d’un groupe toujours prêt à se remettre en question.

Une quête de rédemption ?

Dans ses interviews récentes, Gavin Rossdale martèle l’idée d’un disque écrit à hauteur d’homme, débarrassé des faux-semblants. Préférant l’honnêteté à l’auto-flagellation, Il parle d’erreurs, de réparations à faire, d’une volonté d’avancer. Cette dimension introspective imprègne l’ensemble du disque. Chaque texte semble parler de rédemption, de la nécessité de faire face à ses erreurs, mais aussi d’accepter ce que l’on est. On n’avait pas entendu Rossdale aussi vulnérable depuis longtemps. Les paroles, souvent simples, frappent par leur sincérité.

Les textes, majoritairement écrits par Rossdale, oscillent entre confession personnelle et constat universel. “Love me till the pain fades” sonne comme une supplication, tandis que “I beat loneliness” devient un slogan de résilience. L’album explore le doute, la culpabilité, mais aussi la force intérieure qui naît de ces faiblesses. D’après le frontman, “pour créer quelque chose de vital, il faut toucher à l’os, au plus brut.” Un mantra qui se ressent dans chaque morceau, où la production ne cherche pas à masquer les imperfections de la voix, mais à les sublimer.

Une première partie percutante

Dès les premières secondes, “Scars” plante un décor sombre et tendu, comme une cicatrice qu’on effleure encore à vif. Le riff abrasif et le refrain explosif servent de détonateur émotionnel. Le riff de “I Beat Loneliness”, aurait presque des airs de Muse, mais le refrain rappelle vite qu’il s’agit bien d’un morceau de Bush. Un mélange d’intimité et de puissance. Plutôt que de s’installer dans la répétition, Bush casse le rythme avec “The Land Of Milk And Honey”. Un titre aux allures d’hymne qui s’affirme rapidement comme un classique instantané dans la discographie du groupe. La voix presque suppliante de Rossdale amène une touche viscérale jouissive.

Les refrains, taillés pour les stades, ne cèdent rien à la profondeur des paroles. “We’re All The Same On The Inside ” recentre le propos sur un message universel, une reconnaissance des blessures partagées, porté par une mélodie simple et fédératrice. La première partie de l’album atteint son apogée avec “I Am Here To Save Your Life” et “60 Ways To Forget People”. Bush retrouve pleinement sa science du hook. Dans ce dernier single, la rancœur se transforme en un refrain accrocheur. C’est presque comme si chanter ces mots à plein poumons pouvait conjurer les fantômes du passé.

Une deuxième partie moins convaincante

Puis, la lumière baisse. Avec “Love Me Till The Pain Fades”, le disque change de cap et s’enfonce dans une zone plus contemplative. Le tempo ralentit, les arrangements se font plus feutrés, et si l’intention d’aller vers l’intime est claire, certains morceaux peinent à maintenir la tension dramatique qui habitait la première moitié. “We Are Of This Earth” et “Everyone Is Broken” étouffent presque leur douleur plutôt qu’elles ne la crient. Ce choix, aussi sincère soit-il, crée une forme de plateau émotionnel. L’émotion y est présente, mais elle manque parfois d’élan ou de relief.

La dernière partie, avec “Don’t Be Afraid” et “Footsteps In The Sand”, adopte une approche un peu trop familière. L’intention ne semble plus matcher avec le résultat. Cette dissension rend les morceaux moins marquants. Avec “Rebel With A Cause”, l’approche minimaliste, voire éthérée, se veut plus nuancée. Pourtant, le morceau passe un peu à côté du sujet. Malheureusement l’enchainement de ces titres donnent le sentiment que l’album perd un peu de son intensité initiale.

Plus personnel que jamais, le dixième album de Bush, I Beat Loneliness, marque une plongée dans les affres de la solitude, mais toujours avec ce ton rock vivant et engagé qui est devenu la signature de Gavin Rossdale.