Chroniques

Bloc Party – Hymns

C’était l’un des retours les plus attendus de la scène rock indé anglaise. Quatre ans après la sortie de “Four” et une perte de vitesse ayant donné lieu à un mini-hiatus, Bloc Party revient en force, plus déterminé que jamais, armé de deux nouveaux membres – Justin Harris à la basse et Louise Bartle à la batterie – et d’un nouveau album, “Hymns”. On aurait pu penser que les départs de Matt Tong et Gordon Moakes respectivement en 2013 et 2015 auraient pu causer la fin du célèbre quatuor britannique mais c’était sans compter sur la ténacité et la créativité de Kele Okereke et Russell Lissack, duo à l’origine du projet.

Finies les guitares explosives de “Silent Alarm” et les folies de “Four”. Désormais, Bloc Party se projette dans un tout autre domaine, beaucoup plus proche des sonorités électro, où les guitares sont au second plan et surtout moins énervées. L’indie rock du milieu des années 2000 laisse ici place à un genre plus alternative dance expérimental, centré sur la voix d’Okereke et distinguable dès le premier single, “The Love Within”. Dans une optique plus actuelle, le quatuor développe une posture défensive, sans ambition de convaincre les convaincus, mais plutôt de se présenter sous une nouvelle forme, fortement influencée par la carrière solo du chanteur.

Ainsi, l’album n’est pas apte à faire remuer les têtes et à combler le manque de furie des fans en quête de précipitation. Au mieux, il interpelle quelques sens et fait maintenir tout le long l’espoir d’un prochain titre meilleur, en vain. Car même lorsque l’excitation rythmique et musicale sont parfois de mise (“Virtue”, “Different Drugs”, “The Good News”), la brindille rock est vite éteinte au bénéfice d’un résultat planant, contemporain et souvent frustrant.

Si on ne peut reprocher à Bloc Party d’innover et de s’installer là où personne ne les aurait attendu, il est difficile d’oublier que les musiciens ont de la technique et de la fougue à revendre, plus qu’ils ne le laissent croire. Même les fûts finissent par laisser un goût amer tant chaque instrument semble dans la retenue, à écouter la production très lisse de ce disque. Dans l’ensemble, les mélodies peinent à se démarquer, et ce malgré certaines touches inventives et de bons arrangements notables disséminés ça et là. A croire que le changement d’acteurs a littéralement changé les objectifs de la formation, souhaitant échapper à son passé et rentrer dans des cases R’n’B/pop biaisées.

Bloc Party est-il définitivement parti ? C’est une question qu’on est en droit de se poser à l’écoute de “Hymns”, l’opus le plus hybride et inattendu de la discographie des Anglais. Malgré quelques onces d’émotions, ce nouveau disque ne décolle pas, ou trop peu, et ne valorise ni l’expérience du quatuor, ni son talent de composition. Il manque un je-ne-sais-quoi sensiblement plus rock et dévergondé, replaçant la troupe là où elle excelle.

Informations

Label : PIAS
Date de sortie : 29/01/2016
Site web : blocparty.com

Notre sélection

  • Virtue
  • Different Drugs
  • The Love Within

Note RUL

2.5/5

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