Chroniques

Bloc Party – Four

Enregistré à New York entre novembre et avril, “Four” sort au mois d’août 2012. Les anglais de Bloc Party mettent ainsi fin à une pause de quatre ans durant laquelle l’avenir du groupe semblait incertain; le chanteur Kele Okereke ayant pris ses distances et sorti un album solo franchement électro. Pour leur retour, les quatre d’Essex livrent un disque en forme d’exutoire, filrtant même avec le metal.

Car “Four” contient des riffs musclés de guitares metal, directs comme des uppercuts. Le disque accueille l’auditeur avec l’anguleux “So He Begins To Lie” aux rythmes saccadés et nu metal. Entrée en matière confirmée un peu plus loin par l’atmosphère sombre de “3×3”, à la rythmique syncopée et aux envolées rock. Ou bien “Coliseum” qui part sur comme un blues électrique suintant avant d’exploser selon les codes du metal, mais surtout le vigoureux “We Are Not Good People”. Pourtant le son net et moelleux reste celui dans lequel s’inscrit Bloc Party : celui d’un groupe pop rock des années 2000. Car l’opus est une bête polymorphe qui se nourrit certes de riffs de guitare metal, mais aussi de sonorités et d’ambiances beaucoup plus tranquilles, comme “The Healing” rappelant The XX, ou “Octopus” single vibrant qui convoque Blur et n’explose jamais. Parfois, les Bloc Party font du Bloc Party; avec “V.A.L.I.S”, le groupe semble revenir à ses premières amours avec ses guitares martelées bien caractéristiques, soulignant les effets de voix de Kele, et c’est plutôt réussi. Si cette voix reste immédiatement reconnaissable, la musique ressemble à un grand chaudron dans le lequel vous jeteriez une pinée de Muse pour des envolées pompières et pompeuses, un soupçon de Smashing Pumpkins période rock acide et bordélique (“Kettling”), et un zest de riffs funky des Red Hot Chili Peppers (“Real Talk”). Un disque sous influences, tourné vers les années 90, composé de séquences brutes et directes, voire féroces, passées dans la friture du grunge. En alternance avec d’autres parties, avec “Octopus” en fer de lance, exploitant un gimmick dansant en l’entretenant de bout en bout.

Un disque énergique, qui se pare de musique moite et des textes sombres, mais rien là-dedans qui n’arrive à la cheville de leur chef-d’œuvre d’équilibre et d’efficacité, celui que l’on écoute quasiment en apnée, l’excellent “Banquet”. Concédons leurs cependant un nouvel opus varié dans ses ambiances, en recherche d’équilibre, entre fureur et répit.

Informations

Label : Cooperative Music
Date de sortie : 20/08/2012
Site web : blocparty.com

Notre sélection

  • Octopus
  • V.A.L.I.S
  • Kettling

Note RUL

3/5