Blessthefall – GALLOWS

Les Américains de Blessthefall, bien installés sur la scène metalcore depuis le milieu des années 2000 aux côtés de The Devil Wears Prada, August Burns Red ou Memphis May Fire, reviennent après une longue période de silence. Leur dernier album, Hard Feelings, datait de 2018, et beaucoup pensaient que le groupe avait définitivement tiré sa révérence. Mais sept ans plus tard, Blessthefall renaît de ses cendres avec GALLOWS, un disque conçu dans la patience et l’envie, qui marque un retour attendu.

La patience comme inspiration

Plutôt que de céder à la précipitation, le groupe a pris le temps de se retrouver, privilégiant l’inspiration à la rapidité. Selon Beau Bokan, chaque titre a été écrit dans un esprit d’excitation et de liberté. Cette approche se ressent dès les premières écoutes : GALLOWS sonne moins comme un exercice de style que comme une libération, un exutoire où les musiciens se reconnectent avec ce qui fait leur essence.

Et cette essence, c’est ce mélange si caractéristique entre violence et mélodie. Fidèle à lui-même, Blessthefall revendique un retour aux sources : cris viscéraux, guitares tranchantes et rythmiques lourdes côtoient des refrains fédérateurs, baignés dans une production actuelle qui donne à l’ensemble un relief moderne. L’ensemble s’ouvre d’ailleurs avec “mallxcore”, un hymne immédiat et fédérateur, clin d’œil assumé aux critiques qui les traitaient de groupe “mall-core” (“metal de supermarché” souvent associé à la scène nu-metal “mainstream” des années 2000). Plus qu’une provocation, le morceau s’impose comme une véritable déclaration d’identité : catchy, fun et incisif, il cristallise l’ADN du groupe en trois minutes électriques.

Dans la foulée, “Wake The Dead” surgit comme une claque métallique. Massif et rugueux, le titre agit comme une piqûre d’adrénaline, réveillant la bête après des années de silence. Ce morceau pensé pour la scène promet des pits en feu et rappelle que Blessthefall n’a rien perdu de sa fougue. Puis vient “Drag Me Under”, en duo avec Lochie Keogh d’Alpha Wolf, qui accentue encore cette facette agressive. Ici, Blessthefall se fait plus carnassier que jamais, flirtant avec un hardcore abrasif qui tranche avec les refrains lumineux du reste de l’album.

Quand violence rime avec émotion

Mais GALLOWS ne se limite pas à ses singles déjà connus. Parmi les nouvelles cartouches, “Fell So Hard, Felt So Right”, en collaboration avec Story Of The Year, dévoile une facette plus émotionnelle. Le morceau aborde les changements radicaux que l’on traverse dans les relations, entre doutes, désillusions et éclats de lumière. Musicalement, c’est un parfait condensé du Blessthefall version 2025 : lourd, mélodique, sincère. Autre moment fort, “Somebody Else”, qui invite Caskets, mise sur des textures plus aériennes et modernes, presque pop par instants, tout en conservant ce socle metalcore explosif. Une ouverture bienvenue qui enrichit l’album sans en diluer la puissance.

Ce qui frappe à l’écoute de GALLOWS, c’est sa diversité. L’ensemble alterne passages violemment métalliques et refrains grandioses à reprendre en chœur, sans jamais paraître forcé. Chaque titre conserve sa singularité, mais tous forment un ensemble cohérent, porté par une production qui accentue à la fois la lourdeur des riffs et la clarté des mélodies. On sent un groupe libéré, qui n’a plus besoin de courir derrière les tendances mais qui choisit au contraire de s’affirmer tel qu’il est, fort de son histoire et de ses influences.

Avec GALLOWS, Blessthefall signe un retour qui sonne comme une renaissance. Loin de l’album opportuniste ou de la simple relecture nostalgique, il s’agit d’une œuvre qui assume sa maturité tout en retrouvant la fougue des débuts. En un mot : un disque sincère. Et dans une scène metalcore saturée d’artifices et de clones, cette sincérité fait toute la différence.