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Birdy – Portraits

Après un Young Heart (2021) brillant mais passé sous les radars brouillés par la pandémie, Birdy revient avec des intentions et des atours nouveaux pour nous présenter Portraits. L’occasion de se laisser guider dans une galerie arborant les couleurs vives de la synthpop.

Dynamisme et 80’s

Lors de son concert en avril dernier, nous considérions que ses compositions délicates seraient sublimées par davantage de variété dans le rythme. C’est peu dire que ce nouvel album s’y emploie, opérant une mue vers des sonorités électroniques inspirées de la pop des années 80. Le titre d’ouverture, “Paradise Calling”, met d’emblée au tapis nos anticipations de ballade minimaliste. Le tempo y est frénétique, déployant une énergie aussi jubilatoire qu’inattendue.

La volonté de tourner la page avec son disque précédent est manifeste. Exit les chansons de rupture teintées de folk, nous sommes ici face à une ode au lâcher-prise (“Automatic”, “Heartbreaker”). Rien n’est tapageur ni commercial, ces morceaux sont frappés du sceau d’une créativité sophistiquée et pleine de classe.

Stranger Sing

On savait la jeune femme fan de Kate Bush. Du lyrisme théâtral aux superpositions de voix, tout évoque l’interprète de “Running Up That Hill” sur ce disque. Le parallèle est particulièrement saisissant sur “Raincatchers”. Introduit par des violons saccadés, ce morceau, déjà adopté par les fans, est une grande réussite. On retrouve également du Bowie dans l’emphase apportée à “I Wish I Was A Shooting Star”. L’occasion de s’émerveiller du virage opéré au milieu du morceau, où un envol presque opératique laisse place à une fragilité exacerbée.

Le storytelling est aussi au cœur du duo “Ruins I” / “Ruins II”. Birdy y livre deux points de vue différents d’une fin de relation. Si ces morceaux s’avèrent intéressants dans leur traitement, ils peinent à maintenir l’attention sur la longueur. À l’instar de “Tears Don’t Fall”, le thème se rapproche d’une musique d’ambiance, perdant l’auditeur dans des couches de synthés agréables mais non marquantes.

Ballade 2.0

Heureusement, sa capacité à émouvoir est intacte. L’artiste continue d’exceller dans les ballades épurées, désormais augmentées d’harmonies complexes. Les fans de la première heure se retrouveront en terrain familier avec la très douce “Your Arms”, désarmante de pureté. La jeune femme y chante la douleur d’oublier des choses sur quelqu’un que vous avez perdu, mais de vous souvenir d’avoir été dans ses bras. Cette élégance est également au rendez-vous sur “Battlefield”, qui allie ce piano si caractéristique à quelques touches électroniques bien dosées, renouvelant la formule dans une synthèse très réussie. L’intensité déployée en fait l’une des meilleures chansons de l’ensemble. Le morceau éponyme, “Portraits”, est un moment suspendu, tout en nuances et légèreté, qui illustre l’influence de la pop de Christine And The Queens sur la jeune femme.

Il se dégage de ces compositions une douceur qui ne confine finalement que rarement à la mélancolie. L’amour, les séparations, les amitiés, la découverte de soi sont autant de thèmes traités avec justesse et délicatesse. Avec Portraits, Birdy se réinvente et enrichit sa palette, démontrant un second souffle créatif qui risque de faire mouche en salle.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 18/08/2023
Site web : www.officialbirdy.com

Notre sélection

  • Raincatchers
  • Your Arms
  • Battlefield

Note RUL

 3,5/5

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