Billy Idol – Dream Into It

Onze ans après Kings & Queens Of The Underground (2014), Billy Idol signe son grand retour avec Dream Into It, un album qu’il décrit comme profondément autobiographique. À 69 ans, la légende punk rock retrace les étapes marquantes de sa vie, de ses débuts frondeurs dans le Londres des années 70 à sa reconstruction après les excès du rock n’roll. Chaque titre s’apparente à une page de journal intime, portée par une sincérité rare. Pour enrichir ce voyage introspectif, il s’entoure de trois icônes du rock féminin – Avril Lavigne, Alison Mosshart et Joan Jett.

Héritage

L’ensemble s’ouvre sur le morceau éponyme, une plongée nostalgique dans les sonorités des années 80, portée par un piano-synthé omniprésent et une guitare discrète mais enveloppante, le tout ponctué de touches électro qui modernisent subtilement le tout. Avec ses cinq minutes bien remplies, cette introduction soignée pose l’ambiance avec élégance et donne immédiatement envie de découvrir la suite du voyage.

Et la suite ne déçoit pas : “77” démarre sans prévenir, clin d’œil évident à l’année fondatrice du punk. Et qui mieux que la “princesse canadienne du pop punk” pour épauler le vétéran de la scène britannique ? Aux côtés de Billy Idol, Avril Lavigne insuffle une énergie unique à ce duo générationnel qui fonctionne à merveille.

Pour prolonger cette dynamique collaborative, Alison Mosshart (The Kills) rejoint Idol sur “John Wayne”, une relecture plus rugueuse et habitée d’un morceau sorti en 2008. Puis c’est Joan Jett (vieille complice des nuits du Whisky A Go Go) qui débarque sur “Wildside” pour un moment rock pur jus, sans fard ni compromis. Le choix de n’inviter que des artistes féminines n’est pas anodin : il témoigne d’une volonté d’équilibre, mais surtout d’une confiance sincère envers des musiciennes qui, comme lui, ont marqué le rock à leur manière.

Rétrospective

Dream Into It n’est pas une révolution sonore dans la carrière de Billy Idol, et ce n’est clairement pas sa vocation. Ce que propose Idol ici, c’est un album profondément ancré dans ce qu’il sait faire de mieux : des titres construits sur une base rock solide, efficaces, directs, mais enrichis d’une maturité nouvelle. C’est sans doute l’œuvre la plus introspective et cohérente qu’il ait livrée en cinquante ans de carrière.

Chaque morceau semble murmurer un souvenir, raviver une époque, ou refléter une facette différente de sa personnalité. “People I Love”, par exemple, est du pur Billy Idol dans la forme : riffs accrocheurs, refrain taillé pour le live, bref, la recette qui l’a rendu culte. “Gimme The Weight”, plus nerveux, hausse le ton. Porté par un riff plombé le titre insuffle un peu de tension dans l’album.

Et puis vient “Still Dancing”, qui referme le disque comme on refermerait un journal intime après avoir enfin tout couché sur papier. Un morceau chargé d’énergie rock, porté par une ligne de chant presque désabusée mais résolue. Impossible de ne pas y voir une référence à “Dancing With Myself”, hymne de l’indépendance et de l’affirmation de soi qui a marqué le début de sa carrière solo.

“Still Dancing” sonne comme une réponse quarante ans plus tard, une manière de dire qu’il est toujours debout, toujours en mouvement. “C’est vraiment le reflet de tout mon parcours“, confie Billy Idol. “De la période punk rock à aujourd’hui. Et je regarde toujours vers l’avenir, je vis toujours la vie que j’ai décidé de vivre.” Cette phrase résume à elle seule la démarche de Dream Into It : faire le point, sans regret, sans nostalgie pesante, mais avec une lucidité rare et une fidélité sans faille à sa carrière.