Chroniques

Bill Deraime – Après Demain

A l’aube de ses 35 ans de carrière, Bill Deraime sort “Après Demain” son 18ème album. De son vrai nom Alain Deraime, Bill est un chanteur et musicien de blues français, engagé, fort et férocement vivant. “Après Demain” évoque le système qui broie les hommes, la pauvreté, la douleur de vivre, la chaleur de la fraternité, la vieillesse, l’exclusion, la liberté que l’on n’ose pas toujours prendre.

Premier titre de l’opus, “Il Braille” renvoit à l’opus précédent “Brailleur De Fond” (2010). Et c’est là que le bât blesse, mis à part brailler et décrocher les notes, Bill Deraime n’arrive plus vraiment à chanter. Ce bémol (assez important tout de même) mis de coté, la musicalité, elle, reste de bonne facture. Du blues pour la tristesse et la colère, à l’instar de “La Pieuvre”, detla blues aérien où Bill se retient et ne braille pas. Du reggae pour la révolution, de “Mon Obsession” à “Rien D’Nouveau” en passant par “Je Rêve” enfin du reggae comme Bernard Lavilliers fait du reggae. “Esclaves Ou Exclus”, toujours reggae, sort un peu du lot avec une guitare beaucoup plus plaintive et les râles rappellent ceux de Joe Cocker. Après “Y’en Avait Marre” et “Après Demain”, morceaux qui auraient plus leur place sur les bandes FM des années 80 que sur un album de 2013, arrivent le meilleur de Bill Deraime. “Le Vieil Homme” trouble, le bruit des vagues se fait entendre, la fin d’une vie se fait sentir, très bien rendu par la guitare à cheval entre folk et blues, lancinante à souhait. La reprise gospel de “Death Don’t Have No Mercy” prend aux tripes, le piano donne des frissons, et la voix geignarde de Bill s’occupe de mettre le feu aux poudres, Joe Cocker sort de ce corps ! “Bobo Boogie” conclut l’opus, un duo jazz manouche excellent avec son frère d’arme Sanseverino, une sorte de passe d’arme entre générations révoltées.

Bon, l’album risque vite de passer à la trappe, car le vieux blues man n’a plus vingt ans et malheureusement il ne maitrise plus aussi bien sa voix que ce fût, il y a de ça maintenant, quelques années. Faussetés irritant le conduit auditif se feront entendre et facilité déconcertante, en terme d’ambiance musicale, risque de troubler. Malgré tout, Bill Deraime construit avec entêtement une œuvre composée de chansons qui ouvrent le coeur, donnant la parole à ceux qui n’en n’ont pas, l’effort mérite d’être salué.

Informations

Label : Nueva Onda
Date de sortie : 26/03/2013
Site web : www.billderaime.com

Notre sélection

  • Death Don't Have No Mercy
  • Bobo Boogie
  • Esclaves Ou Exclus

Note RUL

3/5