Chroniques

Basia Bulat – Tall Tall Shadow

Depuis son arrivée dans le folk canadien, Basia Bulat n’a cessé de surprendre par ses mélanges de genres et ses utilisations d’instruments incongrues. Pour ceux qui ne connaissent pas cette artiste qui sévit depuis 2007 outre-Atlantique, Basia Bulat jouit d’une association tendre et onctueuse de sa voix, de conteuse américaine, agrémentée de pointe d’auto-harpe utilisée avec grâce. L’ensemble navigue entre une énergie brute quasi celtique et la suspension du temps dans une mélancolie propre à ses origines slaves, plus précisément polonaises. L’attraction véhiculée par la douce blonde sur les acteurs du monde musical est telle qu’à la sortie de son premier album “Oh, My Darling” (2007), elle est nominée au “Polaris Music Prize”; prix qui a fait connaître au grand public l’aérien Patrick Watson et les excités de Destoyer, tout de même. Son deuxième opus “Heart Of My Own” (2010), la place dans les artistes canadiens à suivre de près, à l’instar de St Vincent, Beyrouth, Tune-Yards, Arcade Fire, Andrew Bird et Nick Cave & The Bad Seeds. Et c’est réglé comme du papier à musique que Basia revient trois ans après avec “Tall Shadow”, avec plus d’apaisement que dans le passé.

Extrêmement intimiste, tendre et triste à la fois, le titre éponyme de l’album, ne démarre pas à la harpe, mais prend la guitare pour une pop folk épurée et classique qui fonctionne grâce à la puissance verbale de Basia Bulat. “Five, Four”, dans le même style musique mais de manière plus énergique. Différent, dans la douce clarté de l’auto-harpe utilisée ici comme un banjo harmonique, Basia raconte une comptine pour enfant au moment de la grande dépression. “It Can’t Be You” laisse place également à des montées de puissance vocale de Basia. Cette dernière jouera également de sa force vocale, variant aisément par ses tons mielleux légèrement enroués qui emportent, telle une tempête, le radeau en pleine mer, à chaque coup de tonnerre comme sur “The City With No Rivers” ou “Someone”. La singularité des dix chansons de cet ensemble s’éloigne de la première ligne directrice, plus bluegrass des opus précédents, mais avance à pas de géant dans la simplicité efficace et harmonique du folk. Un peu à l’écart, “Promise Not To Think About Love” prendra le pas de Micky Green pour un morceau pop et rythmé. Plus loin, “Paris Or Amsterdam” caressera angéliquement les oreilles de l’auditeur. Pour se faire, Basia n’a besoin que des montées lyriques gracieuses et sans fausseté accompagnée de ses doigts qui danse sur sa guitare acoustique. “From Now On”, dans une ambiance quasi-évangéliste, terminera l’opus.  Piano, chœur et Basia Bulat, une fois encore la simplicité paye et c’est surprenant.

Authentique et écrit comme s’il était susurré au creux de l’oreille, avec “Tall Shadow”, Basia Bulat réussi le pari d’éloigner toutes nuisances superflues pour se concentrer sur l’essentiel, la force de ses textes, la force tranquille de sa voix et la grâce de ses doigts sur tous les instruments à corde qu’elle touche.  L’excellence n’est pas constamment au rendez-vous, mais la continuité dans la métamorphose cotonneuse efface les quelques titres en dessous, “Never Let Me Go” et “Wires”.  En tournée actuellement sur le continent américain, il faut espérer que Basia Bulat fera une halte en “Paris Or Amsterdam”.

Informations

Label : Secret City Records
Date de sortie : 30/09/2013
Site web : basiabulat.com

Notre sélection

  • It Can’t Be You
  • Promise Not To Think About Love
  • Paris Or Amsterdam

Note RUL

4/5

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