Il fallait s’y attendre. Pour ses 15 ans, BABYMETAL a décidé de fêter ça non pas en solitaire, mais bien accompagné. METAL FORTH, cinquième chapitre officiel du groupe, voit Su-metal, Moametal et Momometal ouvrir grand les portes de leur univers à une armée de guests, de Poppy à Spiritbox en passant par Tom Morello, Bloodywood ou Electric Callboy. Si l’idée de fédérer les forces de la scène moderne autour de leur kawaii metal était séduisante sur le papier, le résultat final alterne entre fulgurance créative… et légère perte d’identité.
Car oui, difficile de nier la puissance d’attraction du trio. Réunir autant d’invités de premier plan témoigne d’un statut désormais bien établi. Et METAL FORTH ressemble parfois à un “best of” de ce que le metal mondial sait produire de plus audacieux, réuni sous l’égide nippone. Dès l’ouverture avec “from me to u”, BABYMETAL et Poppy donnent le ton : riffs abrasifs, refrains aériens et une entente artistique aussi naturelle qu’évidente. Même constat pour “My Queen” avec Spiritbox, où Su-metal et Courtney LaPlante se passent le relais comme deux reines d’un même royaume vocal, le tout sur un tapis de riffs djent acérés et de nappes électroniques en clair-obscur. Et comment ne pas saluer “Kon! Kon!” avec Bloodywood, fusion Indo-japonaise dopée à l’énergie tribale et au groove martial ?
Le revers des featuring : quand BABYMETAL s’efface… un peu trop
Mais ce trop-plein de collaborations a un revers. Sur plusieurs morceaux, BABYMETAL donne davantage l’impression d’être invitées sur son propre disque. “RATATATA” avec Electric Callboy est certes un mega banger, mais sa touche 100% Callboy finit par occulter ce qui fait la singularité du trio japonais. Même “Song 3” avec Slaughter To Prevail, malgré sa violence jouissive et le growl trilingue d’Alex Terrible, souffre d’un déséquilibre : la brutalité de STP prend tellement le dessus qu’on a parfois du mal à entendre la patte de BABYMETAL.
Pire : l’agencement du tracklisting, qui place d’entrée la quasi-totalité des singles déjà sortis, nuit à la surprise et à la découverte. À vouloir trop se tourner vers l’extérieur, METAL FORTH donne parfois l’impression d’une playlist collaborative plus qu’un vrai disque conceptuel, un comble après le fascinant THE OTHER ONE en 2023, plus introspectif et aventureux.
Quand BABYMETAL reprend les commandes : l’étincelle renaît
Heureusement, METAL FORTH réserve aussi trois moments plus authentiques où le trio agit sans filet, démontrant qu’il a encore beaucoup à dire seul. “KxAxWxAxIxI” flirte avec le hip hop, les samples glitchés et les refrains trap metal, une curiosité audacieuse qui évoque une version extrême d’un générique d’anime cyberpunk. “Algorism” est plus classique, mais efficace : riff tranchant, double pédale, et un refrain euphorisant taillé pour la scène. Mais c’est “White Flame – 白炎 –”, en clôture, qui surclasse tout : un morceau power metal épique à la DragonForce, mené par une Su-metal impériale et un Kami Band en fusion. C’est là que BABYMETAL brille : quand il ne cherche pas à ressembler à ses invités, mais à magnifier ses propres sonorités.
Kawaii en fusion
METAL FORTH est une expérience multiple, parfois brillante, parfois frustrante. Elle montre que BABYMETAL peut tout faire, mais devrait parfois se demander s’il ne vaut pas mieux être seul que trop accompagné. En ouvrant son monde à tant de voix extérieures, le trio prouve son influence, mais s’éloigne aussi de ce qui rendait sa musique si unique. Pourtant, même dans ses excès, l’album reste passionnant à écouter, parce qu’il ose, parce qu’il tente, parce qu’il rêve. Une fête d’anniversaire parfois un peu brouillonne, mais terriblement généreuse.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 08/08/2025
Site web : babymetal.com
Notre sélection
- White Flame – 白炎 –
- My Queen (feat. Spiritbox)
- Kon! Kon! (feat. Bloodywood)
Note RUL
3/5