Chroniques

Arctic Monkeys – Tranquility Base Hotel And Casino

Il aura fallu du temps pour que les Arctic Monkeys se décident à revenir sur les devants de la scène ! Après un vague teaser, le groupe était resté bien muet au sujet de “Tranquility Base Hotel & Casino”, sans même présenter de nouveau single. Ce n’est qu’en avril que le retour se précisait, avec une tournée à la clé et un nouvel artwork de dévoilé.

Visuellement, “Tranquility Base Hotel & Casino” nous plonge dans cette ambiance 70’s insouciante et prospère, annonçant donc un changement musical conséquent. Changement qui suscite des sentiments mitigés. En effet, dès les premières secondes de l’ensemble, le tournant pris par le quatuor a de quoi dérouter les fans de la première heure. Les effets appliqués sur la voix de Turner sur “Star Treatment” lui ferait presque perdre le timbre qui fait sa réputation autant que l’énergie de Matt Helders se voile derrière une batterie plutôt jazzy.  

Au fil des minutes, on comprend alors que “Tranquility Base Hotel & Casino” témoigne d’un changement de volonté de la part du quartette : pas de single qui se détache, pas de tube rock, mais des morceaux qui se suivent de manière nonchalante. Ce dernier opus le rapproche plutôt du travail de The Last Shadow Puppets, groupe auquel s’était consacré Turner ces derniers temps, plutôt que de l’ancien AM. Les pianos et xylophones donnent aux pistes ce côté retro chic déjà annoncé, montrant que la formation laisse bel et bien de côté son outillage habituel. On finit par se réveiller sur “American Sports” dont le tempo plus rapide est convaincant.

Ce sixième essai témoigne d’un changement total d’image pour les Monkeys, qui se plongent dans les sonorités pop des années 70 plutôt que l’indie rock habituel. Les références à Gainsbourg sont distillées le long des onze pistes de “Tranquility Base Hotel & Casino”, ce qui réveille une certaine nostalgie chez l’auditeur. Mais ce qu’on avait déjà remarqué auparavant ne fait que se confirmer : aucun refrain ou mélodie ne ressort de l’écoute très lisse. “Four Out Of Five” fait des vagues avec son refrain saccadé qui amène un peu de surprise à l’écoute. D’autres comme “Batphone” pourraient passer en fond sonore d’une soirée cocktail, notre enthousiasme serait le même.

Avec ce dernier effort, on ne peut clairement pas reprocher à AM de jouer sur le même terrain. Peut-on le qualifier de prise de risque ? Pas vraiment non plus. “Tranquility Base Hotel & Casino” montre cependant tant l’humour du frontman dans les lyrics, que ses questionnements sur l’énorme célébrité des Anglais. Alors qu’on pensait que les Monkeys allaient se perdre dans leur succès, ce dernier disque montre que le groupe veut en fait prendre son temps pour expérimenter. Après plusieurs écoutes, on apprécie l’album, mais il manque tout de même cette spontanéité qui était maître mot des débuts.

Pourtant, il soulève d’autres questions sur la voie que sont en train de prendre les Britanniques. Après avoir été l’icône des années 2000, Arctic Monkeys semble vouloir se replonger dans ses inspirations en appliquant les mêmes procédés. Serait-ce le début de la fin ? Si les rumeurs nous poussent à croire que Turner aspirerait à une carrière solo, on ne peut se résigner à voir disparaître un groupe qui a grandement influencé nos oreilles.

Informations

Label : Domino Records
Date de sortie : 11/05/2018
Site web : www.arcticmonkeys.com

Notre sélection

  • Four Out Of Five
  • American Sports
  • Science Fiction

Note RUL

3.5/5

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