Acyl – Algebra

Né d’un désir de mettre en commun leurs expériences passées, le groupe français Acyl a vu le jour en 2006 grâce à ses deux membres fondateurs, Amine (chant) et Reda (guitare). Bientôt rejoints par Salah (basse) et Michael (batterie), le combo, qui évolue dans un registre métal ethnique et expérimental, se lance dans la composition de morceaux. Il en résulte un EP quatre titres autoproduit “The Angel’s Sin” en septembre 2010 ainsi qu’un premier album “Algebra” disponible dans les bacs depuis fin janvier 2012.

Même si le metal à consonances orientales n’est pas un fait nouveau, le phénomène a, toutefois, tendance à connaître un certain essor ces dernières années, avec l’apparition de groupes tels que Myrath ou Arkan, pour ne citer que ceux-là. Ainsi, à son tour, Acyl a lui aussi décidé de s’engager dans cette voie où metal et tradition se mêlent allégrement. En effet, Acyl prend pour base la musique et les chants traditionnels arabo-berbères, que l’on retrouve, disséminés sur l’ensemble de l’album, comme sur le titre d’ouverture “Ungratefulness”. Par ailleurs, leur côté “brut”, sans artifice, nous permet d’établir un lien direct avec le nom même du groupe, lequel signifie “authentique” en arabe. A cela, Acyl ajoute une touche metal au travers de riffs plus agressifs comme c’est le cas de “Head-On Crash” ou encore l’intro thrash de “Al Kiama Chapter 1 : Caldeira”. De plus, les nombreux passages où les chants gutturaux se font entendre et prennent le contrôle ne font qu’accentuer cette violence. De par son intensité, elle ne fait que traduire la thématique du groupe, à savoir, le refus de se soumettre à toutes les idéologies imposées. La touche progressive est bien présente sur l’ensemble de l’opus. Souvent, dans un même morceau, de nombreux breaks surprennent et l’on passe sans transition d’une ambiance aux douces sonorités à une brutalité sans équivoque comme “Barzakh” qui après un passage expérimental, peu avant la fin, s’achève sur un déchaînement d’agressivité sonore et vocale : s’en est presque déstabilisant. Ces ambiances doivent aussi beaucoup au chant qui se rapproche à plusieurs reprises de la narration et ainsi, lui confère un côté mystique comme le court “Creation Chapter 2 : The Mold”.

Avec “Algebra”, Acyl persiste et signe en tant que groupe atypique en proposant un album audacieux qui pourrait en surprendre plus d’un par son côté expérimental.