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Accept – Too Mean Too Die

S’il y a une légende allemande dans le milieu du heavy metal c’est bien Accept ! Plus de quarante ans de carrière et une résurrection avec “Blood Of The Nations” (2010) – première collaboration avec le hurleur Mark Tornillo – le groupe a pourtant connu bien des déboires. Si faire le deuil de Udo Dirkschneider au micro fut compliqué, voire impossible pour certains (beaucoup), un autre départ important est à déplorer. En effet, Peter Baltes, bassiste historique de la maison, a décidé de laisser Wolf Hoffmann seul membre fondateur de la formation.

Quid alors de la survie du groupe ? Après trois albums en dents de scies, tutoyant l’excellence comme l’anecdotique, comment le géant germanique compte t-il se relever ?

Pandemic to the wall

Reprendre un nouveau souffle, une seconde fois en dix ans, pouvait paraître mission impossible. C’était sans compter la témérité du six-cordiste Wolf Hoffmann. En faisant place à un troisième guitariste et en composant un album “comme dans les années 80”, l’équation semble gagnante. Ajoutez à cela un mix XXXL d’Andy Sneap -qui ne cesse de faire gonfler leur son- et vous obtiendrez un véritable missile auditif ! Incroyable de savoir que tout ceci a été réalisé à distance, confinement oblige.

Au programme des retrouvailles donc : onze titres dont une ballade et un instrumental, comme à la grande époque.

Fast as a shark

C’est simple. Dès l’intro – façon “Phantom Of The Opera” de “Zombie Apocalypse”, nous voici complètement happés dans une tornade sonore. Les riffs, implacables, couplés à une basse grondante à souhait et une batterie en roue libre laissent pantois d’admiration. Ce final à la double pédale façon “Painkiller” filera pour sûr quelques frissons à vos petits cœurs de metal ! S’ensuit l’éponyme “Too Mean Too Die” et le rythme ne redescend pas. Au contraire, celui-ci s’intensifie et fait la promesse d’une virée à deux-cent à l’heure tout au long de l’écoute. Tornillo s’époumone comme si sa vie en dépendait et les soli pleuvent pour créer un véritable exutoire.

Détailler chaque titre serait clairement déraisonnable et gâcherait quelques surprises. Sachez néanmoins que si vous n’aviez pas spécialement accroché au single “The Undertaker”, ce dernier retrouvera certainement grâce à vos oreilles. Ce classique instantané est en effet un mid tempo bienvenu dans ce déluge métallique et mérite votre pardon. Le spectre vocal de Tornillo est décidément très large et c’est un vrai plaisir de l’entendre alterner cris stridents et voix claires du plus bel effet. “The Best Is Yet To Come” est la ballade métallique parfaite aux paroles mielleuses à souhait, placée judicieusement en milieu de disque. Elle sera le seul répit dans cette déferlante de teutonic metal, alors respirez un bon coup car le reste risque de vous faire mal à la nuque.

Deutsche qualität

Vous l’aurez compris, les talents de compositeur de Monsieur Wolf ne sont plus à prouver. Ce qui frappe réellement ici, c’est cette aisance à pondre des hymnes à chaque titre. Le maître nous avait le coup sur “Blood Of The Nations” mais l’ensemble était très long et frôlait l’indigestion. Ici, on va droit au but. C’est incisif, ultra carré et diablement addictif. Tout le monde est valorisé et la nouvelle composition du combo rend les possibilités infinies. Tel un rouleau compresseur, les Allemands enchaînent des riffs ingénieux et des soli qu’on a envie de chanter comme dans les années 80. Les influences classiques reprennent également ici une place de choix. Se croiseront entre autres dans les couloirs, Beethoven et Dvorak dans leur neuvième symphonie respective. Épatant.

En synthétisant tout le savoir-faire d’Accept dans cette nouvelle offrande, Hoffmann démontre qu’il en a encore sous le coude. D’une entrée en fanfare à une conclusion instrumentale monumentale en passant par de multiples influences, le cadeau n’en est que plus appréciable. Les fans de hard rock pur jus trouveront en “Overnight Sensation” un nouveau morceau préféré quand les amoureux de la guitare se délecteront de sonorités tantôt irlandaise (“How Do We Sleep”), tantôt arabisante (“Samson & Delilah”). Les nouveaux membres sont parfaitement intégrés et l’ensemble est d’une cohérence exemplaire et force le respect. Un véritable coup de maître à inscrire au panthéon de leurs meilleurs albums, ni plus ni moins.

Informations

Label : Nuclear Blast Records
Date de sortie : 29/01/2021
Site web : www.acceptworldwide.com

Notre sélection

  • Zombie Apocalypse
  • Overnight Sensation
  • Samson & Delilah

Note RUL

 4,5/5

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