Chroniques

AaRON – We Cut The Night

Après avoir écoulé des milliers d’exemplaires de “Birds In The Storm” (2010) et une tournée triomphale de deux ans, AaRON, le duo français électro pop rock, a bien failli tout arrêter. La petite flamme musicale ne s’est pourtant jamais éteinte. Les deux compères ont juste eu besoin de vivre afin d’avoir de nouvelles choses à dire. Après cette longue absence, ils sont enfin de retour et proposent leur nouvel effort, “We Cut The Night”.

24 avril 2015, le groupe publie sur sa chaîne YouTube une mystérieuse vidéo où l’on peut voir l’acteur John Malkovich réciter un poème. Il le termine par cette phrase sibylline : “Le monde ne nous appartient pas, mais plus vite que la pluie on coupe la nuit ensemble” et s’ensuit les premières notes du single en devenir, “Blouson Noir”. Ce sera le prélude de “We Cut The Night”. Il faudra attendre le 18 septembre pour en apprécier toutes ses subtilités. Résolument plus électro, le duo s’est orienté vers un monde au son synthétique, dense, par moment proche de la new wave des années 80 (“Ride On”, “The Leftovers”). Pour construire ces dix titres, Simon Buret et Olivier Coursier disent avoir plutôt été influencés visuellement (l’exposition de l’artiste vidéaste américain Bill Viola au Grand Palais et le film de Jim Jarmusch, “Only Lovers Left Alive” notamment) que musicalement.

Dualité est l’un des maîtres mots de cet album, qui a été conçu comme un voyage initiatique entre le clair et l’obscure. L’artwork imaginé par le studio Akarte en est l’illustration parfaite. Autre signe de cet esprit double, le chanteur a déclaré en interview que ce troisième opus était “pour l’âme et les pieds”. En effet, tout au long des dix pistes des sons enveloppants, rassurants, mélancoliques s’opposent à d’autres plus rythmés et très dansants. On a tantôt l’envie de s’enfermer dans sa bulle et se laisser envahir par un certain spleen, tantôt l’envie de se lever et de remuer son corps. Par ailleurs, malgré le côté sombre de certains morceaux aux sonorités graves, aux rythmes lents, oppressants (“Ride On”, “Blouson Noir” “2:22”), on sent que la lumière est au bout. Sur “Onassis”, Simon chante “I’m holding my fate on the cold fact that life is just a long migration towards the sun”. Les notions d’espoir, de renaissance sont dispersées un peu partout durant ces quarante-trois minutes.

Véritable pourvoyeur de sensations fortes, AaRON nous offre là un disque envoûtant, brillant, romantique, mélancolique, doux et dur à la fois. L’ensemble se veut très travaillé, très léché. Chaque note semble méticuleusement posée, étudiée afin de construire une architecture sonore capable de provoquer chez l’auditeur l’émotion juste. Un seul regret alors, pourquoi seulement dix titres ?

Informations

Label : Cinq 7 / Wagram Music
Date de sortie : 18/09/2015
Site web : aaronofficial.com

Notre sélection

  • Onassis
  • Shades Of Blue
  • Maybe On The Moon

Note RUL

4/5

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