Chroniques

We Came As Romans – Tracing Back Roots

Après deux EP, “Demonstrations” (2008) et “Dreams” (2008) ainsi que deux albums studio, “To Plant A Seed” (2009) et “Understanding What We’ve Grown To Be” (2011), le sextette américain originaire de Denver revient avec un troisième opus, intitulé “Tracing Back Roots”. Alors entrés en studio en mars dernier, ce nouvel album se voulait plus mature et abouti que les précédents. Il en ressortira finalement comme un disque plat et sans âme… une déception.

Composé d’onze titres, l’opus débute avec la chanson éponyme, “Tracing Back Roots”. Premier constat : pour un morceau d’opening, ça ne décolle pas beaucoup… et ce malgré qu’il soit une des plus agressives de ce nouveau disque. S’en suit alors le deuxième titre, intitulé “Fade Away”. Une mélodie qui, bien qu’accrocheuse, n’en restera pas moins basique à souhait, mais mettra cependant en valeur la voix de Kyle Pavone, point distinctif important du groupe. Avec “I Survive”, We Came As Romans troque son metalcore le temps d’une chanson pour un son plus rock. Et voici la première grosse déception… un featuring avec Aaron Gillespie de The Almost, qui se traduit par une chanson vide de par son refrain plat, une répétitivité musicale excessive et l’absence de ce petit plus qui manquera de nous faire planer. Le disque tourne et alors que l’on commence à s’interroger, “Ghosts” retentit et un mot nous vient à la bouche : ENFIN ! Il aura fallu quatre chansons pour qu’un semblant de dynamisme et de puissance se fasse ressentir avec cette mélodie sympathique, cependant une fois de plus emprunte des clichés metalcore : riffs, breakdowns, moshparts… s’en suit alors “Present, Future, And Past” qui prolonge cette lignée de dynamisme et s’inscrit comme un titre qui fera mosher plus d’un hardcore kid dans le pit. L’album va-t-il enfin décoller ? Mais une fois encore, nos espoirs partent en fumée avec “Never Let Me Go” : un riff d’intro montrant une lueur d’originalité dévorée à pleins crocs par des bidouillages électroniques encombrants et lourds à peine quelques secondes plus tard. Lorsque des formations telles que Enter Shikari arrivent à incorporer efficacement des sonorités électroniques qui jouent un rôle déterminant dans l’énergie des morceaux, We Came As Romans semblent quant à eux utiliser cette option dans l’ultime objectif de combler un vide mélodique ou tenter de dynamiser les chansons en vain. Mais telles des montagnes russes alors que la déception s’installe, c’est l’espoir qui revient avec “Hope” (qui porte bien son nom pour le coup !). Ça bouge, c’est frais, et c’est définitivement écrit pour être un single. Mention spéciale pour les sons électro utiles bien équilibrés et répartis dans le titre. Mais voilà, c’est l’heure du huitième morceau et les montagnes russes reprennent… “Tell Me Now” balaie d’un coup sec toute l’énergie et le punch soudain de la piste précédente et c’est avec des arrangements fades et une signature trop impersonnelle que ce troisième album reprend sa route. La hargne stérile prend sa pause avec “A Moment”, une mélodie douce et posée, offrant la possibilité à l’auditeur d’apprécier la jolie voix de Kyle. Un titre qui rappelle d’ailleurs Issues. Un moment douceur et c’est reparti pour l’aggressivité avec “I Am Free” qui n’est qu’un cliché du genre metalcore, tout comme “Ghosts”, ou encore les 80% de l’ensemble. Aucune excentricité, aucun cachet. On a encore un petit espoir qu’un miracle vienne illuminer cet opus, et puis… oh, déjà la dernière chanson ! “Through The Darkest Dark And Brightest Bright” résonne et la seule chose que l’on peut ressentir est la trop faible exploitation des sons électro et des riffs qui auraient pu être plus accrocheurs.

En résumé, “Tracing Back Roots” s’inscrit comme un album lourd, répétitif et décevant, malgré la présence de certains titres très efficaces tels que “Hope”. Tout n’est pas à jeter, cependant, il n’y a pas d’originalité, pas d’atmosphère assez envoûtante pour se laisser prendre au jeu totalement tant force est de constater que le groupe est malheureusement resté ancré profondément aux stéréotypes du genre musical ainsi qu’à des bases mélodiques à la limite du pré-défini. Un talent trop peu exploité et presque gâché par le peu de risques pris et des bonnes idées que trop peu présentes, ainsi que des arrangements électroniques qui, plutôt que d’être bénéfiques, saturent l’harmonie. Seul point remarquable : les lyrics. Tout comme The Story So Far peut être considéré comme la voix de la frustration adolescente dans la scène pop punk, We Came As Romans est l’une des seules formations de la scène post hardcore/metalcore qui prêche la positivité et encourage l’auditeur à aller de l’avant. Il demeure cependant incertain que les fans qualifieront cet essai comme le meilleur de We Came As Romans…

Informations

Label : Nuclear Blast Records
Date de sortie : 22/07/2013
Site web : www.wecameasromans.com

Notre sélection

  • Fade Away
  • Hope
  • A Moment

Note RUL

2.5/5

Ecouter l’album