Chroniques

The Paper Kites – Twelvefour

Que se cache-t-il derrière le nom poétique de The Paper Kites ? Un quintette qui participe modestement à l´essor d´une scène indé australienne prolifique et au talent déjà confirmé. Modestement car ce “Twelvefour” n’est que la deuxième offrande du combo qui fait suite à deux EP et à un premier album intitulé “States”, dont l’écho avait été timide chez nous mais qui avait du bruit dans son pays.

Pourtant, cette modestie laisse place à de belles prétentions musicales. Ces dix pistes qui ont été composées en une nuit d´été, de minuit à quatre heures du matin comme le nom de l’opus l’indique, n’ont rien perdu de leur poésie après l’enregistrement. De beaux arpèges crystallins ne cessent de se succéder (“Revelator Eyes”) pour incarner la magnificence de l’heure bleue, couleur que l´on retrouve en partie sur la pochette. Et comme le rappelle le titre d’ouverture et premier single “Electric Indigo”, cette poésie s´articule toujours autour de guitares prêtes à s’électriser, venant appuyer la magnifique voix de Sam Bentley (qui rappelle parfois celle d’Oscar And The Wolf) qui fait une bonne partie du travail sur l’ensemble des pistes. Quand The Paper Kites ne nous sert pas des hits en puissance comme “Renegade”, on tombe alors dans la ballade dont l’authenticité vient frapper délicatement nos cordes les plus sensibles (“Neon Crimson” et la belle acoustique “Turns Within Me, Turns Without Me”).

Mais “Twelvefour” est avant tout un album qui brille par ses contrastes et parvient donc à se démarquer davantage de l´essai précédent. La présence de synthés n´y est certainement pas étrangère (“Too Late” et son intro bluesy). Ces derniers donnent une couleur nouvelle à la musique de The Paper Kites dont le leader décrit d’ailleurs l’ensemble comme du “somnambulisme” voire de “l’insomniaque blues”. Le groupe va plus loin et se permet même des excentricités qui lui vont bien comme ce petit solo à l’harmonica sur la fin de “I’m Lying To You Cause I’m Lost”.

The Paper Kites nous invite à larguer les amarres et à partir loin, vers des contrées où les mélodies, simples mais toujours efficaces, nous amènent à la découverte de notre sensibilité propre. Il y a une véritable sensualité dont on se régale et qui de nos jours devient trop rare en musique. “Twelvefour” est un disque de nuit, à écouter pour ce qu’il est : un magnifique objet d´introspection dont les couleurs bleutées n’ont de cesse de briller tant que l’effort continue de gravir des cercles sur la platine. On ne manquera pas de vous rappeler que le rendez-vous pour ce rêve éveillé a d’ores et déjà été fixé au 7 février prochain à La Maroquinerie de Paris.

Informations

Label : Nettwerk
Date de sortie : 08/01/2016
Site web : www.thepaperkites.com.au

Notre sélection

  • Revelator Eyes
  • Renegade
  • Electric Indigo

Note RUL

4/5

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