Chroniques

The Killers – Wonderful Wonderful

S’il y a bien une chose que l’on ne peut nier à propos de The Killers, c’est bien son goût pour l’acharnement. Si seulement il ne s’agissait pas simplement de déplacer des particules ! Pas peu fier d’avoir touché les étoiles en 2004 avec l’indéniable succès de “Hot Fuss” et en 2006 avec l’honorable “Sam’s Town”, le quatuor n’a cessé de prétendre au trône dont il avait dûment été déchu à coup de sorties d’une déroutante platitude et d’éditions spéciales affublées d’un Merry Christmas et autres improbables voeux à la limite du cocasse.

Comme pour clore le passage à vide qu’il a connu (entre conflits, abandons et autres problèmes familiaux), The Killers débarque aujourd’hui avec “Wonderful Wonderful”, hymne de toutes les frustrations et situations gênantes vécues par la formation ces dernières années. C’est un peu comme si les musiciens s’étaient amusés à décrire dans ce disque tout ce qu’on a pu leur reprocher, entre autodérision et constat macabre de treize années et de quelques crashs qui ont suivi leur apogée. Rien que pour ça on achète !

Si on retrouve la marque de la formation sur la quasi perfection de la production des morceaux et les guitares aiguisées qui se prennent un tantinet trop au sérieux, on apprécie la fragilité qu’on ne leur connaissait guère et cet électro dépoussiérant parfaitement intégré à l’essai.

Les singles très catchy “The Man” (tentative perchée entre pop, funk et électro à la sauce Daft Punk) et “Run For Cover” (morceau des plus pop) nous renvoient en pleine face le charisme du lead singer Brandon Flowers et de sa voix toujours aussi efficace sur des refrains très très entêtants. The Killers restera The Killers, et pourtant, mis à part ces deux compositions, l’expérimentation va bon train. Si le mood étrange de la piste éponyme “Wonderful Wondeful” nous ramène directement en 2007 lorsque le groupe collabore avec Lou Reed (rien que ça) sur le génial “Tranquilize”, ça n’est pas sans partir à l’aventure dans des contrées qu’il n’a jamais explorées. On retiendra aussi les guitares un peu crades du très disco rock “The Calling” qui dénotent avec la fâcheuse habitude dont souffrent nos tueurs de tout lustrer sur leur passage.

Il ne s’agit plus de s’élever au sommet tout en tentant d’égaler les mecs de “Somebody Told Me”, les quatre Américains semblent prendre un virage encore inconnu mais qu’ils annoncent grâce à cet effort introspectif. Certes “Wonderful Wonderful” n’est pas l’album du siècle, abusant parfois de tout tout en omettant d’en mettre assez, et il serait inutile d’annoncer qu’ils n’ont pas retrouvé la superbe des débuts. Pour autant, une énergie nouvelle se dégage de cet opus et on croirait assister à la renaissance du quatuor (du moins c’est bien tenté). Très bon coup de poker pour The Killers, qu’on aimera toujours pour ce qu’il a fait avant, mais qu’on aimera surtout s’il continue comme ça. C’est reparti pour un tour ?

Informations

Label : Universal Music / Barclay
Date de sortie : 22/09/2017
Site web : thekillersmusic.com

Notre sélection

  • The Calling
  • Wonderful Wonderful
  • The Man

Note RUL

4/5

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