Chroniques

The Fratellis – In Your Own Sweet Time

Le raz de marée The Fratellis frappe nos esgourdes il y a plus de dix ans avec les singles “Flathead” et “Chelsea Dagger”, tous deux présents dans des publicités et issus de l’album devenu culte, “Costello Music” (2006). Quatuor depuis le deuxième album en 2008, et revenu d’un hiatus de trois ans avec “We Need Medicine” (2013) qui réussit presque le tour de force du premier, la dernière parution est une discrétion qui trahit un virage n’ayant pas conquis la majorité du public. La sortie de “In Your Own Sweet Time” nous permet de constater si la bande écossaise, très attachée depuis ses débuts à ce qui a attrait au passé, continue sur une lancée aux sonorités modernes.

Avec une pochette que nous n’oserions pas qualifier de prémonitoire en ce qui concerne Stephen Hawking, “Stand Up Tragedy” démarre avec un riff ensoleillé et des chœurs rappelant les Scissors Sisters. Jon insuffle une identité à sa six cordes qui se rapproche plus de ses contemporains, tandis que la section rythmique bat son plein. Cette dernière prend plus d’ampleur dès l’introduction de “Starcrossed Losers”, avec Barry posant une ligne de basse forte qui souligne le talent de composition de chacun en matière de mélodies, cette fois au service d’une relecture de “Roméo Et Juliette”. On retrouve la formule originelle avec des morceaux comme “Sugartown”, alors que d’autres vont tendre vers l’audace de la nouveauté (“I Guess… I Suppose… “).

Les thèmes de prédilection du groupe, panel un peu plus recherché mais variant quand même sur la formule “sexe, drogues, et rock n’roll”, sont de nouveau abordés d’un angle similaire qui change pourtant la vision d’ensemble. Ces sujets contrastent énormément avec le ton enjoué des années 50 présent sur “Costello Music”, comme l’atteste des chansons comme l’excellent “Advaita Shuffle”. Au fur et à mesure de leur discographie, les musiciens prennent une dimension solennelle, invitant plus à dodeliner de la tête ou à écouter religieusement, contrairement aux danses frénétiques et aux ballades de la première heure. Il subsiste un sens du rythme agréable, des airs reconnaissables à certains moments inventifs, toujours joué avec cet air irrévérencieux qui fait le charme des Ecossais. Le reproche principal qui perdure est la similarité entre certains morceaux (“The Next Time We Wed”, “Told You So”), ce qui rend la ligne directrice moins aboutie que celles des précédentes productions.

Fruit d’une évolution musicale somme toute logique, “In Your Own Sweet Time” ne déroge pas à la règle en étant un disque de qualité. À l’image de l’échec de Neil Young avec “Trans” (1982) ou du succès de ZZ Top avec “Afterburner” (1985), The Fratellis n’essaye pas de capitaliser sur une formule gagnante, et demeure curieux d’expérimentations visant à s’intégrer dans un monde à couteaux tirés entre le passé et le futur. La vaine quête de l’instant présent, c’est déjà du passé.

Informations

Label : Cooking Vinyl
Date de sortie : 16/03/2018
Site web : thefratellis.com

Notre sélection

  • Starcrossed Losers
  • Sugartown
  • Advaita Shuffle

Note RUL

3/5

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