Chroniques

The Flaming Lips – Oczy Mlody

Près de quatre années séparent “Oczy Mlody” de “The Terror”, dernier album original des Flaming Lips. Entre temps, le groupe s’est séparé de son batteur Kliph Scurlock pour turbulences internes, a multiplié les collaborations avec des artistes aussi divers que Maynard James Keenan, Moby ou encore Foxygen pour son second disque de reprises des Beatles, tandis que Wayne Coyne et Steven Drozd s’en sont allés former un side project complètement barré du nom d’Electric Würms, avant de participer à l’écriture et la production du dernier opus de Miley Cyrus. En bref, quatre années bien remplies et très éclectiques pour les Américains qui reviennent cette année avec leur quatorzième disque, co-produit avec leur collaborateur habituel Dave Fridmann (Mercury Rev, Mogwai, MGMT, Thursday).

Tout est possible avec la troupe de Wayne Coyne, y compris ce nouvel essai au nom polonais, plus choisi pour sa ressemblance phonétique avec les mots “oxycodone” et “mélodie” que pour sa signification initiale de “jeunes yeux”. On y parle de sorcières, de licornes et de ketchup sur fond de claviers vaporeux et de rythmiques sourdes propres à susciter chez l’auditeur des visions fascinantes. Et comme toujours avec les Lips, le fond délirant rejoint la forme de manière assez convaincante. Le monde merveilleux décrit par les textes trouve sa représentation musicale sans problème : le titre introductif présage une heure de musique douce composée par de gentils illuminés, ce que confirment la vision hallucinée de “There Should Be Unicorns”, l’insouciance de “Sunrise (Eyes Of The Young)”, ou encore la nostalgie de “The Castle”, sans doute le morceau le plus proche de ce qu’a produit la formation dans les années de sa consécration (“The Soft Bulletin”, 1999; “Yoshimi Battles The Pink Robot”, 2002).

Ce nouvel album poursuit les explorations sonores que la formation a entamées depuis quelques années. Exit donc les sections rythmiques d’ordinaire bien mises en avant, remplacées par des boîtes à rythme légères et une basse en retrait. Une instrumentation presque minimaliste pour un tel groupe qui s’est fait connaître pour ses arrangements baroques et retentissants, mais le résultat reste agréable. S’il provoque parfois une vague impression de répétition au fil des titres, ce Flaming Lips nouvelle formule n’en oublie pas pour autant de varier les ambiances au sein du même morceau (“Sunrise (Eyes Of The Young)”, “Almost Home (Blisko Domu)”), ce que le groupe a toujours su faire avec inventivité. Là où “The Terror” se distinguait de ses aînés par son côté sombre et très expérimental, “Oczy Mlody” se veut plus ouvert avec des structures simples, un Wayne Coyne audible et surtout une atmosphère générale nettement plus positive que rend à elle seule la conclusion “We A Famly”.

L’inspiration ne fait pas défaut aux Américains après leurs trente-quatre années de carrière. “Oczy Mlody” est un bon album qui s’insère dans la discographie des Flaming Lips sans tâche, comme une énième preuve de leur excentricité. A voir comment les musiciens, réputés pour leurs lives impressionnants, illustreront ces nouvelles compositions sur scène.

Informations

Label : Bella Union / PIAS
Date de sortie : 13/01/2017
Site web : flaminglips.com

Notre sélection

  • The Castle
  • How??
  • We A Famly

Note RUL

3/5

Ecouter l’album

Gabrielle de Saint Leger
Indie rock, folk, shoegaze, post tout, etc. -> https://www.last.fm/fr/user/stealthisystem