Chroniques

The Devil Wears Prada – 8:18

Groupe de metalcore chrétien originaire de l’Ohio, The Devil Wears Prada prend radicalement à partie le goût ou non pour le christiancore. En marche depuis 2005, la formation, composée de Mike Hranica (chant), Jeremy DePoyster (guitare, chant), Chris Rubey (guitare), remplacé momentanément par Samuel Penner (For Today), Andy Trick (basse) et Daniel Williams (batterie), est à l’origine de deux EP, d’un album live et de cinq albums studio auxquels vient se rajouter leur nouvelle création, “8:18”, enregistrée avec Matt Goldman (Underoath, The Chariot, Cartel) et le guitariste Adam Dutklewicz (Killswitch Engage, Aftershock, Times Of Grace).

Si l’opus continue dans la même lignée créative que l’on connait à la formation, “8:18” détient cependant une force de caractère que l’on retrouve dans quelques titres puissants. “Gloom” ouvre l’essai et se présente de manière familière avec une intro instrumentale énigmatique, comme sur “Dead Throne” (2011) ou encore “Zombie EP” (2010). Après cette entrée aux effets cosmiques, l’installation rapide de tout l’organisme instrumental révèle une musique incisive et presque barbare dans un morceau où le chant oscille entre growl et scream. Toutefois, le chant clair ne tarde pas à se montrer, et ce, dès le second morceau pour s’étendre tout au long de l’effort. La première approche du chant clair dans le costaud “Rumors”, lui apporte légèreté, émotion et discorde. Dans cet opus, la voix de Hranica dévie dans des teintes hardcore mélodique, ce qui confère à l’ensemble une approche plus poétique sur “First Sight”, “War”, “8:18” ou encore “Transgress”. Les qualités vocales de Hranica sont mises en avant dans un chant clair perçant, toutefois, son utilisation à outrance vient régulièrement entraver la dynamique des compositions en les entrecoupant de manière hors sujet par rapport à l’atmosphère déployée dans un premier temps. C’est le cas de “First Sight” avec un chant qui frôle la justesse, ce qui donne un aspect pop désagréable et dénature le panel de growl pourtant intéressant. Sans changer sa recette, TDWP exploite au maximum les breaks, la batterie et sa double pédale, mais également les passages d’un chant à un autre, ce qui donne à l’album et, plus généralement à la musique, un effet de répétition. Les moshparts revigorants, la double pédale qui martéle et les breaks à foison dans “Martyrs” et “Number Eleven” en sont l’illustration, ce qui n’empêche pas les morceaux d’être puissants et saisissants. Quelques titres sortent tout de même du lot, comme “Care More”, dont le calme cosmique précède la tempête instrumentale. La piste construit une schizophrénie délicate avec le dédoublement du chant, ce qui produit un réel déchirement de la voix claire de Mike Hranica, qui va particulièrement chercher dans la mélodie, sur fond de synthétiseur minimaliste. Comme l’annonce l’intro du morceau “Gloom” qui ouvre l’opus, des sonorités électro apparaissent régulièrement (“Sailor’s Prayor”, “Care More”..) procurant une dimension futuriste à l’essai. Les lignes de guitares se font discrètes tout au long de l’album en opérant un travail délicat situé dans les aigus, ce qui contraste avec la brutalité du chant, de la batterie et de la guitare rythmique (“Sailor’s Prayer”). L’intro de “War” où les guitares cristallines de “Home For Grave”, feront passer l’auditeur du coté neo metal, avant de laisser place au dernier titre, “In Heart”, qui fait une entrée calme, minimaliste et délicate pour être rapidement dévastée par la brutalité sonore propre au groupe.

Depuis ses débuts, TDWP a pris le rythme de marquer chaque année par une nouvelle sortie, et, on le remarque dans “8:18”, au risque de se répéter. The Devil Wears Prada continue à livrer une puissante et revigorante musique dans une pâte metalcore qui reprend des dynamiques, à la fois electronicore et hardcore mélodique, mais ne semble pas encore parvenir à dépasser les sonorités qu’il déploie depuis maintenant huit ans.

Informations

Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 16/09/2013
Site web : www.tdwpband.com

Notre sélection

  • Care More
  • Gloom
  • War

Note RUL

3/5

Ecouter l’album