Chroniques

Tenacious D – Post-Apocalypto

Existe-t-il aujourd’hui un groupe plus épique que Tenacious D ? Malgré une série télévisée HBO méconnue et un film se ramassant au box-office, le statut culte fut gagné très rapidement grâce à une flopée d’admirateurs. Enchaînant les titres musclés et les ballades oscillant entre le grivois et la bromance, le duo prône le rock avec un humour ravageur. Mais la formation déborde avant tout de talent. Sur les trois albums au compteur, l’ensemble fait mouche à chaque fois, paraissant être l’évidence même. Succédant à “Rize Of The Fenix” (2012), ce quatrième opus nommé “Post-Apocalypto” arrive dans les bacs encore après six années d’attente. Après tout, le six est bien le chiffre du diable.

Si vous n’appréciez pas les talents de dessinateur de Jack Black sur la pochette, vous allez tout de même adorer ses qualités de narrateur. Le fil rouge est toujours une caractéristique des deux musiciens, se plongeant cette fois dans un monde où ils survivent après une explosion atomique pour voir débarquer des forces démoniaques qu’ils vont devoir combattre grâce au pouvoir de l’amitié et du rock. Ce synopsis est avant tout une excuse pour introduire de nouveaux personnages, secondaires ou antagonistes, le temps d’une brève aventure et d’une mini série YouTube de six épisodes, servant principalement à dévoiler l’album un peu plus chaque semaine. Il est fort dommage de constater que Netflix et Amazon Prime refusèrent tous les deux le projet, qui aurait pu aboutir à une série d’animation digne de ce nom sur nos deux compères.

Une fois le disque posé sur notre platine, le thème éponyme retentit et la chair de poule survient. Ce n’est pas un jeu de mot sur les choix de carrière d’acteur de Jack Black, ce dernier sait rendre un titre simple très efficace avec une guitare électro-acoustique et son puissant organe vocal. Toujours un peu plus dans la surenchère, la formation décide cependant de se plier au thème de son histoire, tout en conservant ce côté grandiloquent. Fini les feux d’artifice des retrouvailles du plus grand groupe de la planète, tout n’est plus que cendres et décombres autour d’eux. Les morceaux électriques ne sont pas légion, ce qui est un parallèle avec leur condition de survivants sur une planète privée d’énergie. Les références pleuvent du script original de “Retour Vers Le Futur” avec le frigo des années 50 qui leur sert d’abri anti-atomique au chien de la chanson “Hope” qu’ils adoptent à la façon de Mel Gibson dans “Mad Max 2”.

De “Making Love” à “Robot” où Black parodie l’accent de Schwarzenegger, une part belle est faite aux arrangements, ne lésinant pas sur le moindre détail. Sur vingt-et un titres annoncés, la moitié représentent des interludes et des dialogues de la série. C’est là l’une des rares ombres au tableau qui peut décontenancer le public du D. Concernant la production, John Spiker ne fait pas que des merveilles à la quatre cordes. Il accompagne l’évolution du duo avec sincérité, tout comme le membre honoraire Dave Grohl, qui vient déposer sa patte diabolique sur les fûts. Au delà des rires, une émotion aussi forte que les combats décrits contre l’antagoniste “Daddy Ding Dong” envahit l’atmosphère. Pourquoi vouer un culte aussi fort à ceux deux ménestrels dont l’un porte des tongs avec des chaussettes ? Tout simplement parce qu’ils sont dénués de cynisme et qu’ils détiennent ce pouvoir de l’imagination, ainsi que de la croyance enfantine. Il est d’ailleurs possible que c’est ce que nous recherchons, un peu de notre enfance perdue. Si Henri Dès flirtait avec le metal, il est possible qu’on puisse retrouver des réminiscences.

Plus synthétique que son prédécesseur, “Post-Apocalypto” est un album magique flirtant avec la dimension du conte. Toujours inspirés, ces trente-et-une minutes passés avec eux sauront vous mettre d’aplomb pour combattre les chimères du quotidien. The D is back! Long live to The D!

Informations

Label : Sony Music / Columbia
Date de sortie : //NULL
Site web : www.tenaciousd.com

Notre sélection

  • Post-Apocalypto Theme
  • Making Love
  • Robot

Note RUL

4/5

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