Chroniques

Slayer – Repentless

Un peu plus de deux ans après la mort de Jeff Hanneman, le groupe quadragénaire Slayer revient avec son onzième album “Repentless”, six ans après “World Painted Blood”. Pour l’occasion, la formation a remplacé son batteur Dave Lombardo par Paul Bostaph, et a été aidé par Gary Holt du groupe Exodus.

L’ensemble débute par une introduction instrumentale, “Delusions Of Saviour” de presque deux minutes, qui fait peu à peu monter la pression, mais surtout saliver. L’un des talents de Slayer a toujours été de faire des intros efficaces, et faisant monter la tension comme il faut. Mais si la piste d’ouverture fait de grandes promesses, “Repentless” ne comprend pas de grandes surprises dans son intégralité. En réalité, la plupart des chansons de cet opus ont un goût de déjà vu, comme s’il y avait un manque d’inspiration. Si nous voulions leur donner une excuse, nous pourrions dire que c’est pour rendre hommage à Hanneman, et les quatorze années passées depuis la sortie de “God Hates Us All”, le 11 septembre 2001, il y a quatorze ans jour pour jour. D’autant plus que “Repentless” est leur plus long effort depuis lors. Mais il est vrai, cependant, que ce manque d’inspiration, voire peut-être de motivation, semblait déjà présent dans les derniers essais. Par ailleurs, l’absence de Jeff se fait grandement ressentir sur les solos, ou sur les duos de guitares lors desquels Kerry King et lui semblaient se repasser la balle. Complicité qui ne semble plus exister sur cet effort.

Pour autant, l’écriture de l’album, assurée en grande partie par King, comporte une piste composée par Hanneman, “Piano Wire”, aux allures de “Blood Red”, tandis que certaines autres semblent faire quelques clins d’œil à sa plume, à l’instar de “Atrocity Vendor”. Les influences oscillent entre le thrash et le punk, dans un style très semblable à ce qu’ils faisaient il y a vingt ou trente ans, comme “You Against Me”. Mais une chose est sûre, c’est que ces quatre décennies de carrière ont permis au combo d’acquérir une dextérité à jouer de ses instruments, sans égale. La présence de Gary Hold d’Exodus ne fait qu’aider davantage à cette exécution parfaite, sans compter sur le retour de Bostaph à la batterie, qui nous montre l’étendue de ses talents tout au long du disque, et notamment sur “Take Control”. Il est juste regrettable que de tels dons servent un “Repentless” qui tourne un peu en rond avant de s’essouffler dans la seconde moitié. Même la piste éponyme, bien qu’assez punchy, ne porte pas les espoirs que nous pourrions placer dans un Slayer, surtout si ce dernier est un clin d’oeil (volontaire, il faut supposer) à son chef d’œuvre, “God Hates Us All”.

Au final, l’album est appréciable en tant que tel, mais il l’est beaucoup moins lorsqu’il est replacé dans la carrière (instable, certes) de Slayer. Lorsque l’on sait de quoi il est capable, l’on peut avoir envie d’autre chose qu’un opus au goût de déjà vu, déjà entendu. S’ils ne veulent pas se repentir, et cela est en effet une bonne nouvelle, plutôt que de mettre à nouveau de l’eau dans leur vin pour satisfaire la critique, il serait peut-être bien d’avancer et d’oser de nouveau être le Slayer des beaux jours.

Informations

Label : Nuclear Blast Records
Date de sortie : 11/09/2015
Site web : Slayer.net

Notre sélection

  • Piano Wire
  • Atrocity Vendor
  • Repentless

Note RUL

2.5/5

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