Chroniques

Simple Plan – Taking One For The Team

Il s’en est passé du temps depuis la dernière fois. Cinq ans après “Get Your Heart On!” et trois ans après son EP complémentaire “Get Your Heart On – The Second Coming!”, Simple Plan rempile avec “Taking One For The Team”, un cinquième album plein de surprises. Débuté en 2014, c’est finalement début 2016 que le – très attendu – nouveau disque de la formation pop rock voit le jour. Un décalage dû notamment à des questions de planning et d’enregistrement. Malgré cela, le quintette nous annonçait pour celui-ci une certaine volonté de retour aux sources, tout en restant moderne pour ce qui est du son. Deux critères que l’on retrouve sans aucun doute dans ce fameux #SPAlbum5, mais à quel prix ?

Produit par Howard Benson, connu pour avoir travaillé avec My Chemical Romance ou encore sur le fameux “The Reason” de Hoobastank, le nouveau Simple Plan semblait, sur le papier, plutôt bien parti pour devenir “le meilleur album” de la carrière des Canadiens. Avec le controversé single “Saturday” abandonné en chemin, le groupe manifestait, dès la deuxième moitié de 2015, l’envie de se remettre en question et de retrouver l’énergie de ses débuts, après une déviation entamée depuis plusieurs années. En clair, donner une seconde vie à ses débuts pop punk ayant fait sa renommée.

Sauf qu’en s’intéressant un peu plus à l’ensemble, difficile de croire que “Taking One For The Team” assume pleinement son rôle, affichant sans équivoque un tempérament bipolaire flagrant. Alors qu’à bâbord, on retrouve des morceaux presque punk prompts et vifs (“Opinion Overloard”, “Nostalgic”, “I Refuse”), à tribord, c’est l’exact antipode avec des chansons 100% taillées pour les radios FM (“I Don’t Wanna Go To Bed”, “I Don’t Wanna Be Sad” ou encore la version 2016 de “Summer Paradise” aka “Singing In The Rain”). Une disparité qui en dit long sur la position actuelle de SP, tiraillé entre le besoin de succès et l’envie de renouer avec ses origines. Même la jolie ballade acoustique “Perfectly Perfect”, faisant vaguement penser à “Perfect” de par son atmosphère douce, peine à convaincre.

Alors que la présence de Jordan Pundik (New Found Glory) sur le solide “Farewell” renforce, avec assurance, l’image alternative du disque, il n’en est pas de même des autres invités (Nelly et R. City), peu mis en avant sur notre territoire, si ce n’est une ouverture vers un autre public. Cependant, l’un des featurings, non “rock” au sens brut du terme, tire malgré tout son épingle du jeu. En duo avec la chanteuse d’Automatic Loveletter Juliet Simms, “I Dream About You” est l’exception à la règle et divulgue une nouvelle facette de la personnalité de la formation, loin des distorsions et des productions lisses habituelles. Au contraire, la mélodie de clôture valorise une ambiance électro pop sombre ainsi qu’un aspect épique intéressant, bien en dehors de la zone de confort des rockeurs. Un effort de la part des cinq musiciens inattendu mais remarquable.

Oui, la production est moderne, oui la volonté de retour aux sources est présente mais non, “Taking One For The Team” n’est pas et ne sera pas le CD #1 de la discographie des Canadiens. Noyées dans une masse pop passe-partout, il existe néanmoins, dans ce nouvel effort, un véritable potentiel avec des pistes qui esquivent du mieux possible la soupe communément servie. Ici, les adolescents en baggy des années 2000 avides de sonorités fortes et expéditives sont brièvement de retour, sans pour autant en oublier leurs responsabilités. Enfin, comme si le disque avait été composé en deux étapes, ce cinquième chapitre aurait peut-être mérité un choix plus critique au niveau de ses pistes proposées, même si l’aspect hétérogène, ici présenté, offrira sur la longueur une meilleure visibilité certaine pour Simple Plan.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 19/02/2016
Site web : www.simpleplan.com

Notre sélection

  • Opinion Overload
  • Farewell (ft. Jordan Pundik)
  • Everything Sucks

Note RUL

3/5

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