Chroniques

Saxon – Thunderbolt

Vingt-deuxième album depuis 1979 pour les légendaires Saxon, “Thunderbolt” sort trois ans à peine après un “Battering Ram” réussi et plébiscité par les fans mais ne réinventant en rien ou presque leur très riche discographie. Que peut-on attendre concrètement d’un groupe si important et prolifique ? Cet opus sera-il un coup de tonnerre dans la carrière des Anglais ou juste un petit orage saisonnier ?

Sur la  -plutôt sombre- pochette : un aigle royal perché sur un glaive semblant appartenir à Zeus, le tout dans un décor crépusculaire, nous donne le ton. Saxon nous invite dans les années 80 à grand renfort de thèmes chers au heavy metal.

L’introduction “Olympus Rising” enchaîné au single “Thunderbolt” nous plonge directement dans l’ambiance : des choeurs et des guitares menaçantes semblent prévenir de l’attaque imminente. Le son est lourd et force est de constater qu’avec Andy Sneap (Accept, Judas Priest) toujours aux manettes, la production est encore une fois moderne mais respectueuse du style propre à la formation. Le riff d’entrée est une parfaite mise en situation live et l’on s’imagine aisément headbanguer dans la fosse sur la rythmique ultra carrée et ses accords plaqués si représentatifs de la NWOBHM. Les paroles évoquent quant à elles la guerre des Dieux entre Zeus, Hades et Poseidon, tout un programme ! Le rythme s’intensifie sur “The Secret Of Flight” et sa section rythmique endiablée. Les riffs sont ici encore plus acérées et le travail des deux guitaristes Paul Quinn et Doug Scaratt sur les solis est absolument remarquable. C’est simple, ils inondent complètement l’album sur quasiment tous les titres !

Changement complet d’ambiance avec “Nosferatu (The Vampire’s Waltz)”, nous plongeant tout droit dans un film d’horreur dont la bande son semble être ici écrite. Débutant sur un orgue inquiétant, celle ci nous conte l’histoire d’un vampire bien connu de la littérature et du cinéma des années 50, arborant un style assez différent de celui proposé habituellement, ce qui donne une touche d’originalité bienvenue à l’effort. Il est vrai qu’en quarante ans de carrière, il n’est pas aisé de se réinventer sans cesse. Saxon a une grande expérience et en pionnier du style, il est bluffant de voir à quel point il arrive à perpétuer son statut tout en continuant d’expérimenter. Preuve en est sur “Predator” où Biff Byford croise le fer avec Johan Hegg… oui, oui, le hurleur d’Amon Amarth ! Le duo aurait de quoi inquiéter les défenseurs du heavy metal traditionnel mais le résultat est tout à fait euphorisant et prouve une jolie ouverture d’esprit.

En bons gardiens du temple, le groupe n’hésite toutefois pas à rendre des hommages appuyés à ses idoles. “They Played Rock And Roll”, dédié au regretté Lemmy Kilmister, singe carrément la musique de Motörhead tout en ajoutant quelques subtilités saxonniennes pour un cocktail détonnant et très respectueux du groupe pour qui ils ont ouverts les tournées de “Bomber” à la fin des années 80. Le petit sample en milieu de piste donnera probablement quelques frissons aux fans de la bande à L’As de Pique. Sur “Sons Of Odin”, les plus attentifs reconnaîtront sûrement dans l’intro, le riff et la manière de chanter, un certain Ronnie James Dio et son morceau phare “Holy Diver”.

Proposer de la nouveauté à ce stade d’une carrière si remplie relève de l’exploit et quoi de mieux, pour un groupe ayant gagné ses galons dans un style qu’il maîtrise au maximum, de continuer à le développer ? Des titres comme “A Wizard’s Tale”, “Speed Merchants” ou “Roadie’s Song” n’auraient pas dépareillés sur de précédents opus et c’est là où l’on peut trouver un “défaut” dans cet album, passant de très ambitieux à ultra conservateur. Ceci dit, la démarche se comprend aisément. Saxon balayant désormais plusieurs générations de fans, il va de soit que le contrat est rempli largement. Le son est plus que jamais heavy et l’envie est toujours très présente. L’avenir nous dira quels titres se poseront en classiques auprès de “Crusader”, “Wheels Of Steel” ou “Solid Ball Of Rock” mais ce qui est certain, c’est que cette cuvée 2018 n’est pas celle qui enterrera Saxon ! Rendez-vous dans trois ans ?

Informations

Label : Militia Guard / Silver Lining Music
Date de sortie : 02/02/2018
Site web : www.saxon747.com

Notre sélection

  • The Secret Of Flight
  • Nosferatu (The Vampire’s Waltz)
  • Predator

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album