Chroniques

Parquet Courts – Human Performance

Parquet Courts est de ces groupes qui expérimentent sans se perdre, qui sont cohérents sans être chiants, qui maîtrisent l’art de la nonchalance, du travail bien fait mais pas léché. Bref, l’une des formations les plus intéressants si ce n’est la plus intéressanet de la scène rock garage/post punk américaine de ces dernières années. Après cinq albums dont un live, les Texans sont de retour avec “Human Performance”, un cinquième opus à leur image quoiqu’un peu plus accessible.

Mais Parquet Courts, c’est qui ? Un quatuor formé à Brooklyn en 2010. Andrew Savage et Austin Brown au chant et à la guitare, Max Savage à la batterie et Sean Yeaton à la basse. Les trois premiers viennent de Denton, au Texas. Côté influences, pensez Sonic Youth, The Feelies, The Velvet Underground ou encore The Strokes. En 2011, ils sortent leur premier album “American Specialties” sous forme de cassette. Mais c’est en 2012 avec “Light Up Gold”, enregistré paraît-il en 30h, avec le label Dull Tools d’Andrew, que le quatuor se fait remarquer. Le disque est réédité en 2013 par le label What’s Your Rupture? et s’attire les louanges de la presse spécialisée et de la blogosphère underground. En 2014, “Sunbathing Animal” et “Content Nausea” viennent confirmer le talent du prolifique jeune groupe. On y retrouve un son garage-rock crasseux, répétitif et impatient.

Autant dire que lorsqu’en février 2016, le combo lâche deux nouveaux titres, “Berlin Got Blurry” et “Dust”, l’excitation est à son comble. Avec “Dust”, Parquet Courts nous offre une entrée en matière efficace, très Velvet Underground avec un refrain court qui invite à tout dépoussiérer au sens propre comme au figuré : “Dust is everywhere, just weep”. Quant à “Berlin Got Blurry”, elle sonne presque country parfois et se démarque par de très bons riffs et un rythme particulièrement entraînant. On les reconnait bien sur “Captive Of The Sun”, avec ces fausses dissonances et cette voix nonchalante, presque parlée. Quant au morceau éponyme et à “Outside”, ces derniers nous rappellent la pop de Blur avec cette pointe de rock rugueux qui déconstruit une mélodie parfois facile. Côté références, on parierait que “Rubber Soul” des Beatles a influencé la ballade “Steady On My Mind” et on confondrait presque “I Was Just Here” avec une chanson de FFS. On apprécie aussi “One Man No City” qui nous rappelle, dans un autre registre, les Français de Salut C’est Cool pour son rythme et ses paroles au ton traînant, une pointe de blues et un soupçon de rock façon Velvet en plus.

Peu de points négatifs si ce n’est que “Two Dead Cops” est un peu trop répétitif. On regrette aussi que l’opus se termine avec “It’s Gonna Happen” au rythme trop endormi, qui dénote avec ce à quoi Parquet Courts nous avait habitués jusqu’ici. Ces quelques petits défauts, qui pourront néanmoins plaire à certains, font aussi le charme de Parquet Courts. Un groupe qui n’a pas le souci de plaire à tout prix. En rayant le mot perfection de leur vocabulaire, les quatre Américains trompent l’ennui et nous surprennent à chaque morceau.

En somme, “Human Performance” reste dans la veine des précédents albums de la formation, nonchalant, tantôt charmant, parfois rêche, toujours représentatif de l’esprit de Parquet Courts, authentique et qui se fout des modes et des conventions pour un résultat original et rock. A découvrir le 27 juin à La Gaîté Lyrique pour un concert qui promet de faire la part belle à cette ambiance rock garage qu’on aime tant.

Informations

Label : Rough Trade
Date de sortie : 08/04/2016
Site web : parquetcourts.wordpress.com

Notre sélection

  • Berlin Got Blurry
  • Dust
  • One Man No City

Note RUL

4/5

Ecouter l’album