Chroniques

Papa Roach – Crooked Teeth

A raison d’un album tous les deux ans en moyenne, Papa Roach ne chôme pas. Continuant sur sa lancée, la formation californienne, à la vingtaine d’années de carrière, présente aujourd’hui “Crooked Teeth”, neuvième disque de la bande. Si le son de Papa Roach n’est plus exactement ce qu’il était à ses débuts, le quatuor tâche néanmoins depuis des années de se développer musicalement tout en gardant sa pâte caractéristique : des sonorités brutes alternatives, teintées d’une voix vaguant du clean jusqu’au scream, en passant par le rap. “Crooked Teeth” se positionne dans la continuité logique de l’œuvre du groupe, combinant à la fois nouvelles expérimentations et retour aux sources. Résultat mitigé, cependant.

Justement, le rap, venons-en. Année 2000. “Infest”, première grosse production du quatuor, sort dans les bacs et devient triple disque de platine aux Etats-Unis, porté notamment par un titre qui deviendra un véritable hymne alternatif : “Last Resort”. Au cour des albums, le phrasé rappé employé par Jacoby Shaddix s’estompe peu à peu pour laisser place à un chant plus poli et conventionnel, mettant cependant en avant la large palette vocale du frontman et son timbre écorché. Il faudra néanmoins attendre le précédant opus “F.E.A.R.” (2015) pour qu’un clin d’œil au passé ressurgisse avec le morceau “Gravity” (en featuring avec Maria Brink de In This Moment).

A l’écoute de ce neuvième effort studio et face au retour indéniable du rap sur plusieurs pistes, la bande semblerait presque avoir pris note des retours positifs rencontrés par le dit-morceau; pour cause, le retour aux sources s’effectue dès le premier morceau de “Crooked Teeth”, à savoir “Break The Fall”, puis s’étend jusqu’à des morceaux comme “Sunrise Trailer Park”, où l’inspiration hip hop est entièrement assumée, Machine Gun Kelly en featuring pour preuve. Sur ce titre, les instruments restent en retrait et se contentent d’installer la trame rythmique, le focus reposant sur la voix et les mots. Un plaisir de retrouver Jacoby Shaddix sur un terrain familier, mais lointain.

Cependant, les choses se corsent quelque peu pour le reste. Au fur et à mesure de l’écoute, l’idée que l’essai entier repose sur la même formule s’impose d’elle-même. “Crooked Teeth” est un album qui s’écoute facilement, tant les pistes qu’il contient semblent être basées sur le même schéma de composition. Pour cause, l’identité de chacun des titres et leurs caractéristiques respectives ne s’imposent à l’auditeur que difficilement, après plusieurs replays. Les instruments se fondent dans la masse, dans une formule basique et plate, surtout très étouffante.

Malgré tout, Papa Roach s’en tire encore. Dans cet ensemble sonore sans intensité, le résultat final demeure pourtant accrocheur grâce à des refrains très souvent entrainants (“Born For Greatness” ou encore le radio friendly “American Dreams”). Certains morceaux, bien que trop plats en versions studio, semblent être taillés pour le live, portés par la présence de chœurs qui résulteront sans doute en de jolis sing alongs dans la fosse.

De plus, notons que quelques très bons éléments, beaucoup plus nuancés et aérés, ressortent de ce nouvel opus. “My Medication”, troisième piste du disque, apporte enfin son petit lot de frissons. Démarrant au son de la voix claire et posée de Shaddix sur un riff modéré et sobre, la chanson, rattrapée par une masse instrumentale intense, alterne moments de douceur et puissance avec succès. Dans la même vague, “Help”, ou encore “Traumatic” qui, mêlant retenue et virulence, explose au refrain. Enfin, “Periscope”, interprété en duo avec Skylar Grey, s’illustre comme un duo prenant et harmonieux.

Pas de réelle surprise pour ce nouveau disque, Papa Roach fait du Papa Roach, mais la formule demeure malgré tout efficace. Si “Crooked Teeth” ne figurera pas comme un effort marquant dans la carrière de la formation, notamment pour les musiciens quelque peu mis de côté, il promet cependant de nouveaux bons éléments en live et offre un nouvel exemple des multiples facettes vocales de son frontman.

Informations

Label : Eleven Seven Music
Date de sortie : 19/05/2017
Site web : www.paparoach.com

Notre sélection

  • My Medication
  • Help
  • Periscope

Note RUL

3/5

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