Chroniques

Mastodon – Emperor Of Sand

Mastodon, toujours là où ne l’attend pas ? Pour son dernier opus, le quatuor d’Atlanta renoue avec ses premiers amours en proposant un concept album, chose qu’il n’avait plus fait depuis 2009 et le monumental “Crack The Skye”. Et c’est logiquement que Troy Sanders et ses acolytes ont fait appel au même producteur que huit ans plus tôt en la personne de Brendan O’Brien.

“Emperor Of Sand” narre l’histoire d’un vagabond condamné à errer en plein désert et devant faire face à de nombreuses souffrances et notamment l’influence de l’empereur des sables. Cet univers choisi par Mastodon lui permet d’aborder de nombreuses thématiques telles que la mort ou la maladie qui n’ont pas épargné ses membres durant ces dernières années. Ce choix artistique réussira t-il à séduire autant que les précédentes œuvres composant la riche discographie des Américains ?

Les premières minutes d’écoute plantent le décor et rappellent tout ce qui a fait la marque de fabrique des quatre musiciens. Les arpèges alambiquées, les rythmiques complexes de Bill Kelliher, la batterie survoltée de Brann Dailor ou encore les solos hautement techniques de Brent Hinds plongent l’auditeur dans un climat agréable remémorant les plus grandes heures de Mastodon. “Sultan’s Curse” et “Show Yourself”, déjà révélés il y a plusieurs semaines, démontrent que le quatuor maîtrise toujours autant la création de riffs solides et de mélodies efficaces.

Devant tant d’aisance, les Américains pourraient tomber dans le piège de la facilité mais il n’en est rien. Les compositions se révèlent très riche tout en gardant ce style hard/heavy et progressif qui en font le charme. “Steambreather” et sa lourdeur très imposante, les refrains fédérateurs de “Word To The Wise” et “Ancient Kingdom” ou les riffs acérés de “Precious Stones” et “Scorpion Breath” sont l’exemple d’une grande diversité qui permet à l’auditeur de ne pas se lasser une seule minute durant l’écoute.

Il faut aussi insister sur le sens de la mélodie dont fait preuve Mastodon. Peu de groupes peuvent se targuer d’avoir autant d’expertise en la matière. Le final de “Roots Remain” ou les huit minutes intenses de “Jaguar God” en sont la plus belle démonstration. Toute cette atmosphère est propice à Brent Hinds pour distiller des solos servant grandement les différentes pistes de l’opus. Le guitariste fait preuve d’une technique aiguisée accompagnant avec brio la mélodie.

Le chant est également un point fort de l’œuvre et est certainement la prestation vocale la plus aboutie dans la discographie des Américains. Que cela soit Troy Sanders, Brent Hinds ou encore Brann Dailor, la performance est aboutie et donne encore plus de profondeur et de richesses aux compositions. Le travail de Brendan O’Brien à la production n’y est pas étranger et est à souligner tant il est de qualité. Le seul petit regret à formuler concerne le rôle un peu plus timide qu’à l’accoutumée de Troy Sanders. Quand on connaît toute la palette vocale dont le bassiste dispose et qu’il utilise dans d’autres formations comme Gone Is Gone, un petit goût d’inachevé se fait ressentir.

“Emperor Of Sand” est un album complet qui rappelle que Mastodon n’a pas d’égal dans le paysage musical actuel. Le quatuor d’Atlanta n’a pas manqué l’occasion d’enfoncer le clou et de rappeler que le temps n’avait pas d’emprise sur leurs talents et sa capacité d’innovation. La marque des plus grands !

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 31/03/2017
Site web : www.mastodonrocks.com

Notre sélection

  • Precious Stones
  • Ancient Kingdom
  • Jaguar God

Note RUL

4.5/5

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