Chroniques

Mademoiselle K – Hungry Dirty Baby

Les rockeuses françaises ne sont pas légion alors, forcément, quand l’une d’entre elles sort un album, cela fait parler. Et, dans le cas précis du dernier opus de Mademoiselle K “Hungry Dirty Baby”, sorti le 19 janvier dernier, il y a beaucoup à dire tant la galette est une vraie révolution dans la discographie de la chanteuse. Expatriation en Angleterre, cours d’anglais, écriture et interprétation de chansons dans la langue de Shakespeare, rupture avec sa maison de disques, création de son propre label (Kravache), passage par la case bassiste et accompagnement par de nouveaux musiciens : cela fait beaucoup de changements en un seul opus ! Aussi, lorsque l’on lit dans les interviews de la chanteuse qu’elle avait besoin de se mettre en danger et de “sortir de sa zone de confort”, on la croit et on se dit qu’elle est allée au bout de son défi. Pourtant, cela n’a pas été facile. Par exemple, c’est Parlophone/Warner qui a mis Melle K au pied du mur : un disque en français ou rien. De même, la pochette initiale de l’album a dû être retravaillée pour cacher un téton un peu trop visible et ainsi coller aux exigences d’iTunes.

Malgré tous ces changements, on retrouve la patte de la chanteuse rebelle, à la fois dans le ton et dans les sujets abordés dans “Hungry Dirty Baby”. Dans le texte, Mademoiselle K, comme à son habitude, s’exprime dans manière franche – voire parfois crue. Et pour les onze titres en anglais et le bonus track “C La Mort” en français composant ce dernier disque, l’inspiration de la musicienne se trouve de nouveau dans des questions existentielles : la recherche et la définition de soi, les rêves, les relations humaines, l’amour ou encore la sexualité. Côté son, on ne peut être qu’admiratif de la capacité qu’a eu Katerine Gierak à réinventer sa musique en trois années. Ce n’est pas un fossé mais quasiment un gouffre qu’il y a entre le doux, léger et parfois intimiste “Jouer Dehors” paru en 2011 et l’offensif “Hungry Dirty Baby”. Ce qui caractérise cette nouvelle galette, arrangée avec brio par Richard Woodcraft (Radiohead, Razorlight), c’est avant tout l’intensité des morceaux. Mademoiselle K s’exprime à la fois au travers des pistes agressives, électriques et rentre-dedans et des chansons qui savent se faire légères et douces. Parmi ces dernières, on peut citer le poétique “Love Robots” avec son refrain aérien, ses mots susurrés et ses chants d’oiseaux. Le langoureux “Ur Wow” est, lui aussi, représentatif des compositions plus douces que renferme l’ensemble. La plupart des titres plus punchy sont, quant à eux, à la croisée du rock, du punk et de la pop. Ce fameux mélange se retrouve, entre autre, dans les deux premiers singles : “Glory” qui, dès le mois d’avril 2014, a donné un aperçu de ce que serait le nouvel album de la demoiselle, et l’énergique “R U Swimming?”, dont la qualité du clip réalisé par David Tomaszewski mérite d’être soulignée. Pour illustrer les morceaux plus agressifs, on peut également évoquer “Walk Of Shame” ou l’éponyme “Hungry Dirty Baby” qui ne cesse de monter en puissance à mesure que le titre avance et qui se finit de manière très abrupte.

Au final, la chanteuse au tempérament de feu peut être fière de cette galette qui, sur certains titres, rivalise avec les productions anglo-saxonnes. L’alternance entre chansons tendres et mélodiques et titres musclés, développant un climat des plus électriques, est réjouissante à l’écoute. Et le tout est très bien servie par la jolie voie de Mademoiselle K. Avec tout ça, il ne serait donc pas étonnant que l’artiste élargisse sa fanbase et fasse par là même un joli doigt d’honneur à Warner.

Informations

Label : Kravache / Believe / PIAS
Date de sortie : 19/01/2014
Site web : www.mademoisellek.fr

Notre sélection

  • R U Swimming?
  • Hungry Dirty Baby
  • Love Robots

Note RUL

3/5

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