Chroniques

Lionize – Nuclear Soul

Le quatuor de la banlieue de Washington D.C forge depuis douze ans un univers fascinant, et une solide réputation en live. Qualifier son œuvre de space rock est réducteur si on omet de mentionner les nombreuses influences du stoner au classic rock, passant également par des teintes de ska. “Nuclear Soul”, le neuvième album, voit le jour au sein de cet esprit cosmique imprégné d’éclectisme.

La pochette apocalyptique rappelle les plus belles heures de la bande dessinée française, de “Metal Hurlant” en passant par les œuvres contemporaines de Julien/CDM. En la contemplant, nous serions en mesure d’attendre le son de guitare le plus distordue et pesant qui soit, rythmé par un batteur martyrisant sa double pédale. Elle constitue à elle seule un véritable contraste lorsque le comité d’accueil est un déluge de note orchestrées sur un clavier Hammond, et les riffs percutants d’une Gibson Les Paul qui tient plus de Toto que de Baroness. “Darkest Timeline” constitue la première surprise pour qui serait tenté de juger le livre sur sa couverture.

Une aura se dégage des compositions de Nate Bergman, chanteur/guitariste de la formation, dont la voix ne vacille à aucun instant. Il se fait le Monsieur Loyal de ce concept album, nous charmant de ses prouesses vocales soul pour nous embarquer à la conquête de l’espace. Sans se déparer de ses influences plus classiques, “Fire In Athena” met en avant les pincées de stoner disséminées à travers le disque. Envoûtant et imposant, les arrangements semblent couler de source. La formule est familière, mais détient la particularité de ne pas présenter un décalage par rapport à la production de son époque. L’omniprésence mesurée du clavier nous confirme l’influence de Jon Lord sur Chris Brooks, sans en enlever la sonorité moderne des titres (“March Of The Clones”). Le magnétisme de Deep Purple se penche bel et bien sur le berceau de Lionize depuis la naissance du groupe.

Le blues de “Let You Down” fusionne avec le jazz, affirmant l’étendue du répertoire vocal de Bergman. Durant onze morceaux, chacun des musiciens garantit la symbiose qui opère comme le prouve la complainte lunaire “Ain’t It A Shame” et la course aux allures R’N’B “Election Year”. L’apothéose prend forme sur la chanson éponyme, véritable générique d’introduction d’un opus de 007, suivie de “Blindness To Danger”, qui signe un final aux mélodies enivrantes.

Le batteur de Clutch, Jean-Paul Gaster, arbore une production soignée qui convient à la multitude de genres explorés par le quatuor. La récente appartenance au label indépendant new-yorkais The End Records, ainsi que la volonté de faire évoluer le son dans un domaine plus mature, se fait ressentir au delà du thème de prédilection céleste. La Yamaha SG des débuts est ici troquée contre une Gibson Les Paul dont la sonorité brille de mille feux via son ampli Orange. Opulent résultat dont les platines se ravissent, supportant sans aucun mal l’épreuve de l’écoute multiple.

L’aventure de l’infiniment grand est accessible à tous à travers “Nuclear Soul”. Album majestueux, il démontre que la galaxie de Lionize regorge encore de trésors inexplorés. Retenez bien ce nom, nous nous rencontrerons de nouveau.

Informations

Label : The End Records
Date de sortie : 08/09/2017
Site web : www.lionizemusic.com

Notre sélection

  • Fire In Athena
  • Let You Down
  • Nuclear Soul

Note RUL

3.5/5

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