Chroniques

Lana Del Rey – Lust For Life

Y’a t’il une artiste plus insaisissable que Lana Del Rey ? Depuis l’explosion de la chanteuse californienne en 2012, qui a pu, un jour, prédire ses surprenants changements de trajectoire ? Succéder à “Born To Die” avec un album aussi brut que “Ultraviolence” (2014) ? Même pas peur. Et que dire de “Honeymoon” (2015) ? Tout sauf une parenthèse enchantée, l’opus nous amenait au plus proche de la psyché complexe de Lana. Alors quand “Lust For Life” nous arrive entre les mains, on s’attend à tout et à rien en même temps.

Jouer la carte de “ce quatrième album est un mix des précédents” serait simple. Evidemment, à la première écoute on retrouve certains éléments connus : sa voix lancinante, l’amour comme sujet central de la plupart de ses chansons, des atmosphères ensoleillées, mais pas que. Le tracklisting nous annonce rien de moins que cinq chansons en featuring. Le dyptique en compagnie d’A$AP Rocky est assez décevant d’ailleurs. Jouant la carte de la chanteuse minaudant en compagnie du bad boy rappeur, on s’attendait à une collaboration allant piocher plus profond car Dieu sait que les univers des deux artistes recèlent de perles insoupçonnables.

A contrario, la présence de The Weeknd avait de quoi exaspérer tant l’omniprésence médiatique soudaine chanteur R’N’B va dans le sens inverse de la qualité de ses productions artistiques. Et pourtant, la chanson donnant son titre à l’effort emploie à merveille la voix cristalline du chanteur, créant un morceau magnifique de légèreté.

Mais le véritable intérêt de cet essai se révèle lorsque Lana se trouve seule face à elle-même. Et les premiers émois sont tièdes. Si “Love” ouvre efficacement l’ensemble, “Cherry”, “White Mustang” et “In My Feelings” passent un peu à la trappe. Nous sommes à la moitié du disque et celui-ci se compose de featurings pas tous réussis et de chansons un peu fainéantes. C’est sans compter le talent incontestable de Lizzy Grant pour la mélancolie. “Coachella – Woodstock In My Mind”, écrite sur le retour dudit festival nous plonge dans ces premiers week-ends ensoleillés du printemps tandis que “Beautiful People Beautiful Problems”, en compagnie (discrète) de Stevie Nicks joue la carte de la fausse ballade avant de s’envoler.

Si Lana Del Rey est encore capable de produire des chansons catchy, il faut savoir apprécier le dernier quart d’heure incroyablement intimiste de cet album pour vraiment prendre la mesure de cet opus. Trois chansons en guise de conclusion mais donnant tout son sens à cette œuvre. Lana Del Rey est définitivement insaisissable. Nous naviguons sans cesse entre les eaux, la chanteuse se cachant parfois dans du clinquant pour camoufler sa véritable nature qu’elle ne peut contenir pour autant. Et si, dans ce monde de paillettes, Lana Del Rey, que l’on a érigé comme nouvelle icone glamour, était finalement la plus humaine d’entre nous ? Tantôt lumineuse, tantôt sombre, parfois superficielle mais aussi cruellement vraie. Un album dense et riche, prouvant que Lana Del Rey est une artiste entière, prouvant par cet album que l’Homme n’est pas, uniquement, fait de ce qu’il prétend être.

Informations

Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 21/07/2017
Site web : www.facebook.com/lanadelrey

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Note RUL

4/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN